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Etudes de santé : les étudiants en première année de fac de médecine essuient les plâtres de la réforme

Avec la suppression du numerus clausus et du redoublement, la réforme des études de santé promettait "d'améliorer la réussite, le bien-être des étudiants". Mais à en croire les étudiants, c'est complètement raté pour cette année de transition.

Article rédigé par Alexis Morel
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des étudiants en médecine devant leur faculté à Saint-Etienne (Loire), le 6 janvier 2021. (REMY PERRIN / MAXPPP)

"On nous a vendu la réforme comme quelque chose de très positif pour nous, qui allait vraiment nous aider, mais ça a été tout l'inverse." Cette première année de médecine, nouvelle formule est une grosse désillusion pour Pénélope, étudiante à Lyon. "On a toujours été un peu dans le flou. Dès qu'on pose des questions, personne ne sait répondre. C'était vraiment l'improvisation."

Depuis la rentrée de septembre 2020, la première année commune des études de santé (Paces) a été remplacée par le parcours accès santé spécifique (Pass) et la  licence avec option "accès santé" (L.AS). La nouveauté, c'est que les étudiants, en plus du cursus de médecine, suivent une "mineure" de leur choix : biologie, histoire, droit... Objectif : leur offrir une porte de sortie en cas d'échec. Mais pour Pénélope, ça s'est surtout traduit par du travail en plus. "La mineure, ça nous prenait tout le jeudi, toute la journée à écouter des cours, et derrière, il fallait les apprendre par cœur, déplore la jeune femme. C'était un travail énorme. Je travaillais beaucoup plus la mineure que l'anatomie ou que des matières qui comptaient vraiment."

"J'ai très peur que cette mineure m'élimine du concours."

Pénélope, étudiante à Lyon

à franceinfo

Et justement, l'autre grosse inquiétude du moment, c'est le taux de réussite. La suppression du numerus clausus a suscité beaucoup d'espoir mais finalement,
très peu de changement, selon Hélène Michel, du collectif national Pass/L.AS qui regroupe les familles d'étudiants : "L'ancien système laissait sur le carreau 80% à 90% des étudiants et le nouveau système conserve ce gros taux d'échec, sauf que la grande différence, c'est qu'eux ne pourront plus redoubler."

"Finalement, on se rend compte qu'avec le peu de places qui nous ont été réservées, même une note autour de 15 qui aurait pu suffire les années précédente ne suffira certainement pas", se désole Marie qui étudie à Montpellier.

Des chances de réussite supérieures selon le ministère

De son côté, le ministère assure que le taux de réussite va bien augmenter grâce notamment à la création de 2 000 places supplémentaires. Il rappelle aussi que la réforme prévoit une deuxième chance pour les étudiants. Les recalés ne peuvent plus redoubler mais ils pourront suivre une deuxième année d'une autre licence (droit, sciences, etc.) et retenter l'accès en médecine l'an prochain. 

"Les étudiants auront une vraie deuxième chance."

Patrice Diot, président de la conférence des doyens de médecine

à franceinfo

"Objectivement, je pense que les chances sont supérieures par rapport à l'ancien système", estime Patrice Diot, président de la conférence des doyens de médecine et doyen de la faculté de Tours. Il poursuit : "Le fait d'avoir fait disparaître le numerus clausus permet aux facultés de médecine d'augmenter le nombre de places en deuxième année en fonction de leurs capacités. C'est ce qui a été fait cette année avec une augmentation de l'ordre de 20%."

Mais le collectif Pass/L.AS ne croit pas à cette deuxième chance et a lancé des actions en justice.

DEPRIME ETUDIANTS MEDECINE*

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