Plan santé : "On attend plus de l'Etat", juge le président de l'Association des petites villes de France
Emmanuel Macron a présenté mardi le plan santé du gouvernement. Un programme qui manque de mesures d'urgence selon Christophe Bouillon, président de l'Association des petites villes de France.
"On attend plus de l'Etat", estime, mardi 18 septembre sur franceinfo, Christophe Bouillon, député Nouvelle Gauche de Seine-Maritime, maire honoraire de Canteleu et président de l’Association des petites villes de France, après les annonces du plan Santé d'Emmanuel Macron et ses 54 mesures. Pour le député, le gouvernement doit s'attaquer dès maintenant au problème des déserts médicaux.
franceinfo : Le plan Santé prévoit près de 1,6 milliard d'euros pour "la structuration des soins dans les territoires". C'est une bonne nouvelle ?
Christophe Bouillon : Tout ce qui va dans le sens d'une nouvelle organisation, d'une meilleure coopération, va dans le bon sens. Le lien entre hôpitaux de proximité et médecins libéraux est essentiel. Mais pour qu'il y ait coordination entre médecins, il faut qu'il y ait des médecins. C'est ça le premier sujet et il ne faudrait pas l'occulter. Il faut faire en sorte que les médecins soient bien répartis sur le territoire. Et là, on ne peut pas dire que l'on a tout essayé.
Certains maires sont allés jusqu'à publier des petites annonces pour trouver des médecins, les payer eux-mêmes, construire des maisons de santé. Ils ont déployé beaucoup d'énergie, mais parfois il se sentent un peu seuls. On attend plus de l'Etat en la matière. J'entends les mesures présentées, sur la télé-médecine et le numerus clausus. La télé-médecine, c'est très bien mais ça ne remplacera jamais le médecin généraliste sur le territoire. Et pour le numerus clausus, on en mesurera les effets dans dix ans, donc il faut des mesures d'urgence.
Le plan prévoit que les blocs chirurgicaux et les maternités seront réservés aux hôpitaux "spécialisés", voire "ultra spécialisés", donc les plus gros. Cela vous inquiète ?
Concernant les hôpitaux de proximité, on a déjà l'expérience des groupements hospitaliers territoriaux, une relation entre un petit hôpital et un plus gros. Ce que je constate sur mon territoire de Seine-Maritime, où j'ai deux hôpitaux de proximité, c'est qu'il faut faire attention à ce que les gros établissements n'aspirent pas toute la ressource humaine ou la ressource tout court. Il faut viser un équilibre du territoire.
Ce qui est important aussi, c'est de faire attention à ce que tous les habitants d'un territoire, en zone rurale ou urbaine, puissent accéder en un temps raisonnable, non seulement à un spécialiste, mais aussi aux soins hospitaliers.
Les assistants médicaux peuvent-ils être précieux en campagne ?
Encore faut-il définir ce qu'on entend par "assistants médicaux". J'observe aussi qu'il y a un décalage : on annonce 4 000 postes d'assistants, mais seulement 400 postes de médecins supplémentaires.
L'attente du public, c'est un égal accès aux soins. Nous serons très vigilants en particulier sur les urgences et la maternité. Il y a un lien entre l'engorgement des urgences et l'absence de médecins généralistes. On estime à 30% la part de ceux qui viennent aux urgences et qui relèvent de la "bobologie", donc il y a clairement un lien.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.