Quatrième année d'internat dans les déserts médicaux : "On la vit comme une injustice", réagit un syndicat d'internes de médecine générale
En étant envoyés dans des "zones sous-denses", les internes en médecine générale estiment qu'ils ne pourront pas être bien formés.
"Cette quatrième année, on la vit comme une injustice", a réagi Raphaël Presneau, président de l’Intersyndicale Nationale Autonome Représentative des Internes de Médecine Générale (l’ISNAR-IMG) alors que le gouvernement prévoit d'inscrire dans le budget 2023 une quatrième année d'internat de formation pour les étudiants en médecine, en les incitant à la réaliser dans des déserts médicaux. La formation passerait ainsi de neuf à dix ans pour les médecins généralistes. "Si on veut faire une dixième année de formation, il faut qu'elle soit formatrice. Nous envoyer uniquement dans les zones sous-denses, c'est nous envoyer dans des endroits où, par définition, nous n'avons pas de formateurs", a-t-il regretté.
franceinfo : Pourquoi êtes-vous contre cette 4e année supplémentaire ?
Raphaël Presneau : Cette quatrième année, on la vit comme une injustice parce que dans les faits, on ne nous a jamais laissé le choix. Notre crainte depuis le début, c'est que cette quatrième année, elle n'a de sens pour les décideurs uniquement parce qu’on nous envoie dans des zones sous-denses, mais dans des conditions qui seront précaires.
Si on est obligés d'aller dans les zones sous-denses, on n'aura pas forcément de médecins autour de nous pour nous former, avec qui travailler. Cette quatrième année est donc faite pour décider uniquement de là où on doit travailler et d'en faire une coercition déguisée. Si on veut faire une dixième année de formation, il faut qu'elle soit formatrice.
Le gouvernement propose une facilité d'installation, notamment pour trouver un logement. Cela ne suffit pas ?
Concernant les logements, ce sont des revendications que nous portons depuis des années, notamment avec les étudiants de premier et second cycle. Dans les faits, elles ne voient le jour que par initiatives locales. Et c'est illusoire de penser que demain, on trouvera un logement pour les 4 000 internes en dernière année qui auront cette quatrième année à faire.
Tous ne sont pas amenés à aller dans les déserts médicaux. Le but de cette mesure, c'est de vous inciter à y aller. Qu'est-ce qui pourrait vous motiver à le faire ?
Il faut qu'on ait les assurances d'avoir des médecins à nos côtés. Les assurances que ce soit une année qui soit formatrice.
"Il faut qu'on ait une revalorisation de notre statut puisqu'il est hors de question qu'à bac +10, on se satisfasse d'une rémunération d'interne qui, en salaire net, est tout juste au-dessus des 2 000 euros mensuels."
Raphaël Presneau, président de l’ISNAR-IMGà franceinfo
Et il nous faut l'assurance qu'on n'a justement pas cette obligation d'aller en zones sous-denses pour que ça reste formateur.
C'est difficile de s'installer en libéral ?
Oui, c'est difficile. On voit une vraie perte d'attractivité du modèle libéral avec une augmentation des médecins salariés sur ces dernières années. Il y a des démarches administratives multiples. Il y a une nécessité d'apport financier. C'est des choses qui freinent beaucoup les jeunes médecins généralistes pour s'installer rapidement.
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