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Manque de considération, violences gynécologiques : sept étudiants sages-femmes sur dix souffrent de dépression, selon une enquête

Le malaise grandit chez les étudiants sages-femmes. Ils dénoncent le manque de considération mais aussi les violences gynécologiques dont ils sont témoins lors de leurs stages.

Article rédigé par franceinfo, Solenne Le Hen
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Manifestation de sages-femmes à Paris en novembre 2013 (NATHANAEL CHARBONNIER)

Sept étudiants sages-femmes sur dix souffrent de dépression, selon une enquête de l'ANESF (l'Association des étudiants sages-femmes), que franceinfo a pu consulter. L'association a interrogé plus de 4 000 étudiants sages-femmes en France*. Ceux qui ont répondu au questionnaire dénoncent le manque de considération mais aussi les violences gynécologiques.

On voit très bien qu'ils nous prennent pour de la merde

Mélanie, étudiante sage-femme en 4e année

à franceinfo

Le manque de considération est pointé du doigt par ces jeunes hommes et ces jeunes femmes dont la plupart ont à peine vingt ans. 60% d'entre eux attribuent leur mal-être aux stages en hôpital ou en clinique, qui se déroulent parfois très mal avec des vexations quotidiennes de la part de leur supérieur. 

Anaïs, en quatrième année à Paris, a déjà dix stages à son actif. La jeune femme a l'impression d'être invisible aux yeux des titulaires. Parfois au bout d'un mois aucun collègue dans la maternité n'a retenu son prénom. " Souvent c'est 'l'étudiante, la petite étudiante qui est avec moi'. Le pire c'est quand on nous appelle 'l'élève' ou même 'machin', c'est déjà arrivé à des filles de ma promo", se souvient Anaïs.

Des scènes de violences gynécologiques

Le malaise des étudiants sages-femmes s'explique aussi par les violences physiques dont ils sont témoins, selon l'enquête de l'Anesf. Mélanie, étudiante en 4ème année, se souvient d'un accouchement difficile qui l'a profondément choqué. La patiente dont elle s'occupait n'avait pas eu de péridurale. "Il a fallu faire une épisiotomie à vif puis utiliser des forceps toujours à vif. Le médecin devait faire ce qu'on appelle une révision utérine, c'est à dire aller décoller le placenta, pour ça on rentre une bonne partie de l'avant-bras dans le vagin, puis dans l'utérus donc c'est très très douloureux, explique l'étudiante sage-femme. Ce médecin voulait faire ça sans anesthésie. Avec l'autre sage-femme on l'a un petit peu rappelé à l'ordre."  

Ces scènes choquantes, les étudiants vivent avec, et n'ont personne à qui en parler car ils n'ont pas de maître de stage. L'Association des étudiants sages-femmes réclame la création d'un statut de maître de stage. "Nous ne savons pas vers qui nous tourner en cas de situation marquante. Les étudiants sages-femmes sont en détresse et n'ont personne à qui en parler. Il faut un tuteur", réclame Julie Kerbart, la présidente des étudiants sages-femmes. Il s'agirait d'un référent, un professionnel tuteur, qui puisse les accompagner dans chacun de leur stage, comme ce qui existe déjà pour les étudiants en médecine ou en pharmacie. 

*L'enquête repose sur un questionnaire en ligne diffusé auprès des 4 064 étudiants sages-femmes entre le 12 mars et le 12 avril 2018. Il a récolté 2 430 réponses.

Le malaise grandit chez les étudiants sages-femmes : un reportage de Solenne Le Hen

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