Projet de loi immigration : 3 500 médecins promettent de "désobéir" si l'aide médicale de l'Etat pour les sans-papiers est supprimée
Quelque 3 500 médecins salariés et libéraux, opposés à la suppression de l'aide médicale de l'Etat (AME) aux sans-papiers, s'engagent à "désobéir" et "continuer de soigner gratuitement" ces malades si le dispositif devait disparaître, dans un appel transmis, samedi 11 novembre, à l'AFP.
"Moi, médecin, déclare que je continuerai à soigner gratuitement les patients sans papiers selon leurs besoins, conformément au serment d'Hippocrate que j'ai prononcé", détaille cette "déclaration de désobéissance". Parmi les signataires figurent l'urgentiste Patrick Pelloux, Julie Chastang, vice-présidente du Collège de médecine générale, et le néphrologue pédiatre Rémi Salomon.
"Ma porte vous est ouverte"
Ce texte a été initié par les professeurs Antoine Pelissolo et Jean-Marc Baleyte, deux psychiatres chefs de service à l'hôpital Henri-Mondor de Créteil et au centre hospitalier intercommunal de cette ville du Val-de-Marne. "Je resterai indifférent à leurs conditions sociales ou financières, ainsi qu'à leur langue et leur nationalité", promettent les signataires. "La déontologie prescrit le juste soin pour chaque personne qui me consulte. La sagesse dénonce la faute éthique et en passant l'erreur épidémiologique", poursuivent-ils. Avant de conclure : "Patients d'ici et d'ailleurs, ma porte vous est ouverte. Et le restera."
L'AME couvre à 100% les frais de santé des étrangers en situation irrégulière présents sur le sol français depuis au moins trois mois, sous conditions de ressources. Ses détracteurs l'accusent de générer un "appel d'air" pour l'immigration clandestine et de coûter "trop cher", actuellement 1,2 milliard d'euros annuels pour 400 000 bénéficiaires (3 000 euros par an par bénéficiaire).
Lors de l'examen du projet de loi sur l'immigration, cette semaine, le Sénat a adopté un amendement qui supprime l'AME et la transforme en "aide médicale d'urgence". Le gouvernement ne s'y est pas opposé, mais le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a depuis déclaré qu'il ne "souhaitait pas" que le texte reste en l'état. Trois mille soignants avaient déjà signé la semaine dernière une tribune dans Le Monde appelant à préserver ce dispositif "de santé publique".
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