: Vidéo Fabrice Midal : “Aujourd’hui, c’est le monde entier qui est en train de faire un burn-out”
“Le cœur de mon livre, c'est d'essayer de partir de la vie : mais qu'est-ce que c'est que le fait d'être vivant ? Il y a un malentendu philosophique aujourd'hui. On a l'impression qu'être un être humain, c'est d’arriver à contrôler parfaitement tout. Et ça, c'est inhumain. C'est vraiment une des clés de la barbarie de notre monde” explique Fabrice Midal, philosophe et auteur de “La Théorie du bourgeon”.
Il ajoute : “Il faut tout gérer : gérer son stress, ses émotions, ses affects, potentialiser notre capital santé. Nous sommes en train d'être pris par un aveuglement en oubliant la vie. Nous avons comme horizon une sorte de modèle d'une rationalité irrationnelle, d'un contrôle sur l'ensemble de la réalité qui va nous emmener droit dans le mur.”
Pour le philosophe, “être vivant, c’est prendre le risque de la liberté, de sortir des routes de la pensée”. “Aujourd'hui, c'est le monde entier qui est en train de faire un burn out. Ce ne sont pas seulement les individus, c'est la Terre. Or, qu'est-ce que c'est le burn out ? C'est l'instrumentalisation d'abord de soi-même, jusqu'au moment où on éclate. Et aujourd'hui, c'est la Terre entière qui est en train de faire un burn out tellement nous sommes dans un rapport obsessionnel de rentabilité envers elle” explique Fabrice Midal.
“C'est en acceptant d'arrêter cette obsession de rentrer dans le moule que d'un seul coup, j'ai vu plein d'autres chemins”
“Nous sommes découragés parce qu’on a l'impression qu'on ne sera jamais assez forts, assez efficaces, assez performants, qu'on n'aura pas assez bien géré son stress, ses émotions. Et deuxième axe du découragement : cette nouvelle société, dans laquelle nous sommes, est entièrement construite sur le vol de notre attention, les réseaux sociaux, l'ensemble de nos téléphones, etc. Notre capacité à faire attention a énormément diminué. On est de plus en plus impatients et cela nous ronge de l'intérieur et participe de notre découragement."
"L'analyse philosophique de la situation nous permet de comprendre pourquoi le découragement est structurel et nous permet de comprendre que la réponse au découragement, c'est d'apprendre à redevenir humain, à retrouver une capacité de savoir ce qu'on aime, ce qu'on veut, ce qu'on sent, de revenir à quelque chose qui nous habite, de refaire alliance avec la vie qui est là, justement instrumentalisée, et la vie instrumentalisée, ce n'est plus la vie” conclut le philosophe.
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