Un numéro d'écoute unique pour les soignants en souffrance
Disponible gratuitement 7 jours sur 7 et 24h/24, le 0800.800.854 a pour vocation de venir en aide à tous les professionnels de santé, "sur tout le territoire", a annoncé ce 10 avril l'Ordre des médecins et l'Ordre des infirmiers.
"L'ensemble des ordres des professions de santé" (médecins, sage-femmes, dentistes, infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, pédicures-podologues et pharmaciens) sont associés dans cette démarche. Six ont déjà signé une charte qui les engage, a précisé à l'AFP Patrick Bouet, président du Conseil national de l'Ordre des médecins (Cnom), à l'issue d'un débat au siège du Cnom.
Lancée le 1er janvier, et initialement réservée aux médecins et internes, la plateforme téléphonique a été rendue gratuite en février, puis ouverte, le 1er avril, à tous les professionnels de santé, a-t-il expliqué.
Au bout du fil, des psychologues cliniciens
Via ce numéro, les soignants seront en contact avec "des psychologues cliniciens formés" et pourront "bénéficier d'un soutien psychologique" immédiat, être orientés vers un médecin ou service hospitalier dédié aux soignants, voire vers "une prise en charge d'urgence". Ils pourront également se voir proposer un accompagnement de terrain, par une association ou structure locale, ou être orientés vers les bons interlocuteurs en cas de violence, agression, litige, et pour des questions déontologiques, juridiques ou administratives.
Le service sera financé par tous les ordres et donc par les "cotisations des professionnels", a indiqué M. Bouet. Face au malaise des professionnels, "Il faut acquérir un certain niveau de compétences et de connaissances" et "c'est plus facile avec 1,3 million de personnes qu'avec 295.000 médecins", a-t-il ajouté.
"Nous avons des problématiques et des constats communs, on voit bien que ce malaise a un coût social, [...] une répercussion sur la santé, sur les erreurs qui peuvent être faites auprès des usagers" et "agir avec sept professions réglementées, ça permet d'avoir un vrai réseau, de vrais moyens" et d'être "plus forts", a déclaré Patrick Chamboredon, président de l'Ordre national des infirmiers. Dans cette profession, "huit suicides avérés" ont été recensés l'année dernière.
Une enquête aux résultats préoccupants
Une enquête, réalisée par l'Ordre des infirmiers du 30 mars au 7 avril 2018 auprès de 18.653 infirmiers met à nouveau en lumière leur épuisement professionnel. Plus de huit infirmiers sur dix affirment se sentir "très souvent" (37%) ou "quelques fois" (45,8%) "émotionnellement vidés par leur travail". 43,2% se sentent "très souvent" à bout à la fin de la journée et une proportion équivalente (42,4%) "très souvent" fatigués avant une nouvelle journée.
Un quart des personnes interrogées déclarent avoir déjà consulté un psychiatre ou un psychologue pour des questions liées à leur travail. Par ailleurs, 21,6% d'entre elles envisagent "très souvent" de cesser leur activité.
Pour expliquer le mal-être, la charge de travail est un facteur "important" ou "très important" pour 79,4% des répondants. Mais aussi "les violences et l'agressivité" (57,5%) ou les aspects financiers (51,1%). Environ 58,8% des infirmiers travaillent "régulièrement" ou "fréquemment" 12 heures ou plus par jour et un quart d'entre eux (25,12%) travaille "régulièrement" ou "fréquemment" sept jours consécutifs ou plus.
avec AFP
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