: Reportage "C'est vraiment un beau geste, on n'attend rien en retour" : une campagne de sensibilisation pour le don de gamètes fait un tour de France
"Faites des parents", c'est le slogan de la dernière campagne de sensibilisation de l'Agence de la biomédecine pour encourager le don de gamètes (spermatozoïdes et ovocytes). Depuis la loi d'août 2021 et la PMA pour toutes, la demande explose, que ce soit pour les couples ou les femmes seules, et les délais d'attente s'allongent : deux ans pour recevoir un don d'ovocytes, plus d'un an et demi pour les spermatozoïdes. L'agence de la biomédecine organise pour la première fois un tour de France en dix étapes avec un bus qui s'arrête dans dix villes où se trouve un Cecos, un centre de dons.
Sur place, des médecins et des représentants d'association mais aussi, pour la première fois, des personnes directement concernées qui ont donné ou reçu des gamètes, vont à la rencontre du grand public pour recruter sur le terrain le plus de donneurs et donneuses possibles, expliquer et rassurer.
Au milieu de l'emblématique place Saint-Sauveur à Caen, où la campagne a démarré mercredi 18 septembre, les bénévoles de l'agence de biomédecine en tee-shirt violet, comme leur bus, ne passent pas inaperçus. Vincent et un ami, tous deux âgés de la vingtaine, se sont laissé convaincre. Secoués par des rires nerveux, ils s'interrogent. "Je pensais que c'était rémunéré. Les mecs qui font ça pour gagner un peu d'argent...", commence-t-il. "C'est faux, c'est gratuit", lui répond une bénévole.
"C'est un acte de solidarité. Tous les frais engendrés pour faire un don sont pris en charge."
Une bénévoleà franceinfo
Il y a eu 676 donneurs de sperme contre 890 donneuses d'ovocytes en 2023. Pourtant c'est un geste plus lourd : stimulation hormonale avec des injections quotidiennes pendant douze jours, détaille Christine Denoual-Ziad, gynécologue au CHU de Caen. "On prévoit une hospitalisation sur une matinée pour un passage au bloc opératoire, précise-t-elle. Ces ovocytes vont être prélevés dans des petits tubes, ils vont pouvoir être donnés au receveur qui attend."
La campagne cible plus précisément les 18-24 ans sans enfant et les couples de moins de 44 avec des enfants, "des patients en particulier qui ne seraient pas venus sur les sites, concernés malgré tout, poursuit la gynécologue. On va pouvoir proposer des rendez-vous rapidement et directement. Cela montre que ce n'est pas obscur, on n'est pas dans le fond d'un laboratoire bizarre."
Encourager la diversité des dons
Autre argument : le retour d'expérience positif d'Eve, 26 ans, sur son don de 18 ovocytes l'année dernière. "C'est un procédé long, avec de l'engagement, mais ce n'est pas si difficile, estime-t-elle. C'est vraiment un beau geste, on n'attend rien en retour, c'est juste de la fraternité et de la sororité envers les personnes qui ne peuvent pas devenir parents." Ce dont témoigne aussi Perrine, née avec une malformation ovarienne et devenue maman grâce au don d'une femme : "Je n'y croyais pas. Je suis tellement heureuse."
"Quand on m'avait annoncé à 16 ans, je ne pourrais pas avoir d'enfants, c'était très compliqué pour moi. Aujourd'hui, je suis très fière d'être maman de trois loulous."
Perrine, ancienne receveuse de gamètesà franceinfo
Le délai d'attente pour un don d'ovocyte en France est de deux ans. L'enjeu est d'augmenter le nombre et la diversité des dons, conclut Claire de Vienne, porte-parole pour la promotion du don de gamètes à l'agence de la biomédecine. "À partir du moment où une femme ou un couple est afrodescendant, il aura moins de chances d'avoir un donneur compatible, donc il aura un délai d'attente plus long." La campagne se termine le 11 octobre à Toulouse.
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