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Rhume, toux, fièvre... "Que Choisir" publie une "liste noire" des médicaments pour enfants : voici les traitements à éviter

Le mensuel dévoile une liste de traitements "inutiles", voire "dangereux", pour les enfants. Franceinfo résume ce qu'il faut en retenir.

Article rédigé par Marie-Violette Bernard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 11min
Le magazine "Que Choisir" publie, jeudi 22 février 2018, une enquête sur les médicaments à éviter pour traiter les pathologies bénignes chez les enfants. (VOISIN / PHANIE)

Rhume, toux, régurgitations... Les plus petits souffrent régulièrement de pathologies bénignes. Comment soigner ces maux de tous les jours ? En évitant de donner trop de médicaments aux enfants, répond le magazine Que Choisir, qui dévoile, jeudi 22 février, une liste de traitements "inutiles" voire "dangereux" pour les plus jeunes. Faut-il donner du sirop pour la toux aux enfants ? Quel médicament choisir en cas de fièvre ou de diarrhée ? Franceinfo fait le point sur les recommandations de Que Choisir – à retrouver en intégralité dans le numéro en kiosques  pour s'y retrouver entre traitements à éviter et ceux à privilégier.

Contre les régurgitations

Ce qu'il faut éviter. Près d'un tiers des enfants de moins d'un an régurgitent. Ce phénomène, sans gravité, ne nécessite pas de traitement dans la grande majorité des cas. "Seul le reflux gastro-œsophagien pathologique nécessite une prise en charge, martèle à franceinfo Christophe Delacourt, président de la Société française de pédiatrie et médecin à l'hôpital Necker-Enfants malades de Paris. On ne doit donner de médicaments que lorsque le reflux a des conséquences sur l'alimentation (une prise insuffisante des biberons) ou sur la croissance de l'enfant." Ces cas sont toutefois très rares, note Que Choisir.

Mieux vaut donc éviter d'utiliser les pansements gastriques, comme le Gaviscon nourrisson ou le Polysilane, qui n'ont pas d'efficacité prouvée. "La seule recommandation valable est d’en donner aux enfants qui, en âge de s’exprimer, disent se sentir mieux", estime Que Choisir. Le magazine rappelle par ailleurs que le Motilium est parfois prescrit chez les enfants. Or, il peut causer des "effets indésirables graves tels que des problèmes cardiaques et des effets indésirables neurologiques rares".

Ce qu'il faut privilégier. Dans la plupart des cas, "il suffit de quelques conseils sur la façon de donner le biberon pour limiter les régurgitations", estime Christophe Delacourt. Si le problème persiste, Que Choisir recommande les épaississants (Magic Mix de Picot, Gumilk bébé expert de Gallia...) ou le lait déjà épaissi tel que le Galliagest. Ils "n'agissent pas directement sur le reflux (remontées acides) mais diminuent les régurgitations (remontée de lait ou d’aliment qui se produit sans effort)", explique le rapport de Que Choisir"Ce problème disparaît généralement dès que l'enfant passe en position verticale, vers l'âge de douze mois", rassure le pédiatre de l'hôpital Necker.

En cas de reflux pathologique, "seuls les inhibiteurs de la pompe à protons ont prouvé leur efficacité", ajoute le président de la SFP. "On évitera de les utiliser sans raison et trop longtemps", préconise Que Choisir, évoquant les traitements comme l'Inexium et le Mopral. "Les recommandations européennes sont, lors d’une suspicion de reflux pathologique, de faire un essai de deux semaines et de se limiter à un traitement de deux mois en cas de succès."

Contre le rhume

Ce qu'il faut éviter. Les enfants peuvent être fréquemment sujets au rhume, accompagné de nez qui coule ou bouché. Quelle que soit la gêne occasionnée, il ne faut pas utiliser de sprays décongestionnants à l'instar du Pernazène ou du Rhinofluimucil chez les moins de 15 ans. "Ils contiennent des vasoconstricteurs, contre-indiqués à cause des risques sur le système vasculaire et cardiaque", met en garde Christophe Delacourt. Ces produits ne sont normalement plus prescrits pour traiter les rhumes chez les enfants.

Que Choisir recommande également d'éviter les sprays antiseptiques (comme le Dolirhume) qui peuvent provoquer des irritations, ainsi que les antihistaminiques (Algotropyl, ActifedSign...) qui n'ont aucune utilité dans le traitement du rhume. Mieux vaut aussi vous passer des huiles essentielles avant 12 ans : celles qui contiennent des terpènes (camphre, thym, lavande...) qui peuvent provoquer des convulsions chez les plus jeunes ou les enfants épileptiques.

Ce qu'il faut privilégier. "En cas de rhume, il n'y a rien d'autre à faire que des lavages de nez", assure Christophe Delacourt. Que Choisir recommande ainsi de privilégier les mouche-bébés, en prenant garde à ne pas blesser les nourrissons avec l'embout du dispositif et le sérum physiologique. Les sprays d'eau de mer, tels que le Marimer, peuvent également être utilisés, mais avec précaution chez les tout petits car "la pulvérisation est assez puissante".

"Il faut laisser les infections virales banales se passer chez les enfants, insiste le président de la Société française de pédiatrie. Il faut en revanche consulter un médecin si elles s'accompagnent d'une fièvre élevée, si la respiration ou l'alimentation sont gênées, ou si les symptômes persistent ou s'aggravent au-delà de cinq jours."

Contre la toux

Ce qu'il faut éviter. La toux est généralement provoquée par "l'écoulement dans la gorge des sécrétions nasales causée par un rhume", explique Que Choisir. Dans ce cas, "mieux vaut traiter la cause, plutôt que s’acharner à faire disparaître" le symptôme. S'ils peuvent parfois être utilisés pour traiter la toux sèche, les sirops antihistaminiques (Humex toux sèche, Toplexil, Rhinathiol...) sont "rarement utiles" et peuvent parfois provoquer des convulsions. Il faut par ailleurs exclure les sirops codéinés (Euphon, Néo-codion...) et les traitements à base de dextrométhorphane, de pholcodine ou de noscapine, qui peuvent avoir des effets secondaires graves.

Et en cas de toux grasse ? Les fluidifiants bronchiques (Mucomyst, Bronchokod et tous les génériques à base d'acétylcystéine...) sont totalement proscrits chez les enfants, en particulier les moins de deux ans. "Ces médicaments peuvent avoir un effet pervers et aggraver l'encombrement des bronches chez les petits", qui toussent moins bien, explique Christophe Delacourt.

Ce qu'il faut privilégier. Que Choisir ne recommande aucun médicament pour traiter les quintes de toux chez l'enfant. "C'est un réflexe naturel pour dégager les voies respiratoires", rappelle le magazine. Mieux vaut donc faire des lavages de nez et élever la tête du lit, pour éviter que les sécrétions nasales ne coulent dans la gorge. Que Choisir suggère éventuellement de donner "du miel, mélangé à du yaourt", chez les enfants de plus d'un an. "La toux n'a, en soit, pas de raison d'inquiéter les parents, rassure Christophe Delacourt. Tant qu'elle ne provoque pas des régurgitations après le biberon et que les sécrétions ne gênent pas la respiration, il n'est pas nécessaire de consulter immédiatement un médecin."

Contre la fièvre

Ce qu'il faut éviter. L'ibuprofène (Advilmed, Nurofenpro) n'est pas le premier médicament à donner à votre enfant en cas de fièvre, selon Que Choisir. Cette molécule peut avoir des effets secondaires au niveau des reins et du système digestif. "Lorsque la maladie est provoquée par une bactérie et pas un virus, l'ibuprofène peut aggraver l'infection", ajoute Christophe Delacourt. Que Choisir recommande donc de ne pas en donner aux enfants sans avis médical.

Ce qu'il faut privilégier. Le paracétamol (Doliprane, Dafalgan pédiatrique...) peut être donné dès la naissance pour traiter la fièvre car il n'a que "peu d'effets secondaires". Il faut néanmoins respecter les quantités prescrites en fonction du poids de l'enfant, car cette molécule peut, en grande quantité, s'avérer toxique pour le foie. "Il n'est pas indispensable de donner du paracétamol aux petits si la fièvre n'affecte pas trop leur état général", note le pédiatre de l'hôpital Necker. Si la fièvre est très forte, qu'elle persiste au-delà de 48 heures ou qu'elle est associée à d'autres symptômes qui pourraient suggérer une infection bactérienne, mieux vaut contacter votre pédiatre.

Contre la diarrhée

Ce qu'il faut éviter. Certains traitements sont contre-indiqués si les enfants connaissent un épisode de diarrhée aiguë. Les antiseptiques intestinaux, comme le Panfurex, ne sont pas efficaces et peuvent avoir des effets secondaires graves. L'Immodium est également proscrit car il ne fait que ralentir le transit. "Chez un adulte, c'est confortable, mais chez un petit, cela peut masquer le fait que de l'eau continue de s'accumuler dans les intestins, prévient Christophe Delacourt. On peut avoir l'impression que la diarrhée s'est arrêtée alors que l'enfant continue de se déshydrater."

D'autres médicaments ne sont que peu utiles. L'effet bénéfique des probiotiques, censés rétablir la flore intestinale de l'enfant, "n'a pas été démontré", note Que Choisir. Le Smecta modifie l'apparence des selles mais ne réduit pas le risque de déshydratation. Si le Tiorfan est également classé comme "peu utile" par l'UFC, Christophe Delacourt estime qu'il "peut être prescrit en cas d'épisode grave". "Il n'est pas nécessaire pour une diarrhée banale mais, dans certains cas, il permet de réduire la sécrétion d'eau dans l'intestin", explique le professeur en pédiatrie.

Ce qu'il faut privilégier. En cas de diarrhée aiguë chez les plus petits, Que Choisir recommande de donner régulièrement des solutions de réhydratations orales (Adiaril, Hydranova...). Ce "mélange de sucre et de sels minéraux" se présente sous forme de sachets en poudre à diluer et permet d'éviter la déshydratation. "Il ne faut pas bloquer l'élimination des selles, ajoute Christophe Delacourt. Après quelques heures, on peut généralement reprendre une alimentation normale."

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