Selon un rapport US publié le 15 juin, la résistance des microbes aux antibiotiques croit dans le monde
L'étude du Center for Global Development met en cause le laxisme dans la distribution et l'utilisation des médicaments contre les maladies infectieuses fournis par les pays développés aux pays pauvres.
L'ONG, basée à Washington, note que la distribution a sauvé des vies mais, en parallèle, a accru la résistance des pathogènes à ces anti-infectieux.
"La résistance aux antibiotiques est un phénomène naturel, mais le laxisme dans la distribution et l'utilisation des médicaments l'accélère", a ainsi déploré Rachel Nugent, présidente du groupe de travail ayant préparé le rapport intitulé La course contre la résistance aux traitements.
Les organisations gouvernementales des pays développés et les groupes privés ont apporté la possibilité aux pays pauvres de se procurer des traitements contre le paludisme, la tuberculose ou l'infection par le virus VIH responsable du sida. Dans ce dernier cas, l'accès aux antirétroviraux contre le VIH (virus de l'immunodéficience humaine) a ainsi plus que décuplé, il a été multiplié par plus de huit pour les médicaments contre le paludisme, et a fortement augmenté pour les antibiotiques contre la tuberculose, précisent les auteurs du rapport.
Depuis 2006, les organismes d'aide ont consacré plus de 1,5 milliard de dollars à de nouveaux traitements pour combattre les pathogènes devenus résistants aux antibiotiques existants. En l'absence de mesures sérieuses, la mortalité due à la résistance aux anti-infectieux et le coût des traitements vont continuer à grimper, préviennent les experts.
Les pays développé n'y échappent pas
La résistance aux antibiotiques touche aussi les pays développés comme le montre la forte augmentation des cas d'infection avec des souches du staphylocoque doré résistantes à la méthicilline (antibiotique), appelées SARM. La proportion des infections nosocomiales provoquées par les SARM est passée de 2% en 1974 à 22% en 1995 et 63% en 2004, selon les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies. Il est estimé que 20% des personnes infectées par ce pathogène meurent, ce qui représente 19.000 décès par an aux Etats-Unis soit davantage que pour le sida.
Le rapport montre une très forte relation entre la quantité d'antibiotiques absorbée et l'émergence de la résistance microbienne, surtout dans des environnements où peu de garde-fous existent pour un usage approprié de ces médicaments et où les contrôles sont insuffisants pour vérifier leur efficacité. C'est ainsi que dans les pays où les populations utilisent de vastes quantités d'antibiotiques, de 75 à 90% des souches de streptocoques responsables de la pneumonie sont déjà résistantes.
Les enfants sont les premiers touchés
Les conséquences de cette résistance microbienne sont encore plus graves chez les enfants, plus sensibles aux maladies infectieuses. Elle tue des millions d'enfants chaque année dans les pays en développement, alerte le document. Des infections infantiles communes dans les pays en développement comme celles des voies respiratoires, le paludisme et la dysenterie, ne peuvent plus être traitées avec les anciens antibiotiques et les autres anti-infectieux disponibles.
Les infections bactériennes respiratoires tuent trois millions d'enfants par an dans le monde en développement tandis que deux millions meurent du paludisme chaque année, surtout en Afrique, rappelle le rapport qui presse l'Organisation Mondiale de la Santé d'agir pour inverser une décennie de négligence en matière d'usage des anti-infectieux.
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