: Vidéo Quand les pompes funèbres jouent les pères Noël pour développer leur clientèle
Peu avant les fêtes de fin d'année, "Pièces à conviction" a pu suivre une étonnante tournée de cadeaux. Avec, dans le rôle du père Noël distribuant foie gras, champagne et stylos de marque, des entreprises de pompes funèbres pas vraiment désintéressées... Extrait d'une enquête sur les pratiques secrètes du funéraire.
Pour une enquête sur le business florissant du funéraire, un journaliste du magazine "Pièces à conviction" s'est fait embaucher comme conseiller stagiaire dans une agence de pompes funèbres. C'est l'une des 700 agences du groupe OGF-PFG. Pendant trois semaines, Mathieu y a secondé une conseillère funéraire. Peu avant les fêtes de fin d'année, il a pu suivre et filmer, en caméra cachée, une étonnante tournée de Noël.
Choyer les "prescripteurs" pour se distinguer de la concurrence
Chocolats, foie gras, enceintes Bluetooth, produits de beauté, stylos de marque, bouteilles de champagne... le coffre de la voiture de notre conseillère déborde de cadeaux. Parmi les secrets du métier qu'elle a enseignés à Mathieu, il y a ce rituel, qui serait courant dans le secteur funéraire : entretenir à coups de petits présents "l'amitié" des employés de la paroisse, conservateurs de cimetière, directeurs de maison de retraite... Elle va donc les visiter l'un après l'autre, sans oublier de leur glisser au passage : "S"il y a quoi que ce soit, n'hésitez pas, on est là..."
Autant de personnes que l'on appelle, dans le jargon funéraire, des "prescripteurs". Comprenez : des personnes qui ont connaissance des décès. Les choyer peut permettre à une agence de se distinguer d'un concurrent. Même pratique envers les employés de mairie. Ces cadeaux sont une façon de les remercier de leur collaboration au long de l'année écoulée... et d'obtenir les futurs contrats d'entretien de plaques commémoratives, par exemple. Comme le reconnaît notre conseillère, "c'est un peu pour les acheter".
Une pratique courante dans le secteur funéraire... mais illégale
Les croque-morts n'ont pas le droit d'offrir des cadeaux aux personnes ayant connaissance de décès pour que celles-ci recommandent leurs services aux familles. Cette pratique est passible de cinq ans de prison et d'une amende de 75 000 euros. "On le fait pour qu'ils le fassent, il ne faut pas se leurrer", avoue pourtant la conseillère. Elle ne fait qu'appliquer les consignes de sa direction, qui lui alloue un budget cadeaux de plusieurs centaines d'euros. Une maison de retraite des environs aura même droit à "un peu plus de cadeaux, parce qu'elle [lui] envoie des familles".
Extrait de "Très chères obsèques : enquête sur le business de la mort", à voir dans "Pièces à conviction" le 22 janvier 2020.
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