Don du sang : vers un assouplissement des règles pour les homosexuels ?
Depuis 2016, les homosexuels peuvent donner leur sang, à condition de ne pas avoir eu de relation sexuelle depuis 12 mois. « La problématique des hommes ayant eu des relations sexuelles avec des hommes tient à plusieurs chiffres qui sont incontestables. Explique le Dr François Charpentier, directeur collecte et production à l’Etablissement Français du Sang. Le premier c’est ce qu’on appelle la prévalence du virus du Sida. Dans la population des hommes qu’on dit HSH, ayant eu des rapports sexuels entre homme, la prévalence du virus est 70 fois supérieure à ce qu’on trouve dans la population générale. L’incidence, qui est en faut la mesure des nouveau cas, est 200 fois supérieur dans la population HSH que dans la population générale ».
Selon une récente enquête de Santé publique France, le risque de transmission du VIH par transfusion n’a pas augmenté depuis l’ouverture du don du sang aux homosexuels. On estime qu’il y a un don infecté tous les deux ans, soit 1 sur 5,2 millions.
Pour limiter les risques de contamination, toutes les poches de sang sont soumises à une batterie de tests pour le SIDA et d’autres maladies. Mais, le risque zéro n’existe pas, à cause de la fenêtre silencieuse du virus. Il s’agit d’une période d’une dizaine de jours pendant laquelle le patient est infecté, mais le virus est encore indétectable.
Ce qui fait débat, c’est que seuls les homosexuels doivent être abstinents pendant 12 mois pour donner leur sang. Une discrimination selon Jean-Luc Roméro-Michel, président d’Elus Locaux contre le Sida : «Est-ce qu’on oserait demander à un hétérosexuel de 20 ans, de 25 ans, d’être abstinents pendant un an pour faire un geste en faveur des autres. Non… et bien faisons la même chose. Il y a un moyen d’assurer la sécurité transfusionnelle, c’est d’interdire pendant qu’on a des comportements à risques. »
Les règles pourraient évoluer dans les prochains mois. La Ministre de la Santé, elle-même, y serait favorable. Deux scénarios sont à l’étude : la réduction à 4 mois de la période d’abstinence pour les homosexuels ou la suppression de critères spécifiques pour cette population. Santé Publique France devrait publier ses résultats début 2019.
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