Sidaction : "Il faudrait absolument (…) une meilleure éducation dans le domaine de la santé sexuelle"
23% des 15-24 ans s’estiment mal informés sur le VIH selon un récent sondage du Sidaction.
Le constant est clair : "On parle bien moins du sida à l’école", mais "il faut absolument qu’il y ait plus d’informations actualisées, parce qu’il y a des informations fausses" selon Françoise Barré-Sinoussi, la présidente du Sidaction interrogée par franceinfo. La 25e édition du Sidaction commence vendredi 5 avril. Françoise Barré-Sinoussi est aussi la lauréate du prix Nobel de médecine en 2008 pour avoir co-découvert le virus en 1983 avec Luc Montagnier.
Franceinfo : 23% des 15-24 ans s’estiment mal informés sur le VIH selon un récent sondage mené pour le Sidaction. Comment faudrait-il faire pour que les jeunes ne croient plus et ne véhiculent plus de mauvaises informations ?
Françoise Barré-Sinoussi : Il faudrait absolument une meilleure information, une meilleure éducation dans le domaine de la santé sexuelle, parce que visiblement, ils ont des vues totalement erronées. Et il est grand temps de les corriger. Eux-mêmes le reconnaissent, lorsqu’on leur demande, il y a à peu près un quart d’entre eux qui disent qu’ils ne se sentent pas bien informés. Donc il y a des messages à faire passer, bien sûr, au niveau de l’Éducation nationale, auprès de vous, les médias, également. Clairement, il faut absolument qu’il y ait plus d’informations actualisées, parce qu’il y a des informations fausses, erronées, il faut rectifier tout cela. On parle bien moins du sida à l’école. Tout dépend des écoles, je ne peux pas généraliser. Il y a même des écoles où on n’en parle pas du tout !
6 400 personnes ont découvert leur séropositivité en France en 2017, donc le sida ne touche pas que les autres pays selon une idée reçue qui circule ?
Le sida touche tout le monde. Il y a 37 millions de personnes infectées par le VIH dans le monde, 21 millions seulement sont sous traitement aujourd’hui, donc 40% des personnes n’ont pas encore accès aux traitements. Ce n’est pas seulement pour des raisons économiques, parce qu’il y a eu de gros efforts internationaux et ils doivent continuer. Mais dans certains pays, il y un manque d’organisation logistique avec des défauts d’approvisionnement en médicaments. Il y a aussi, dans certains pays, des politiques répressives, par exemple en Russie où il n’y a pas d’accès aux antirétroviraux pour des populations marginalisées. On sait aussi d’où vient la cause de virus plus résistants. (...) Ces virus résistants se propagent ! On détecte une augmentation chez les personnes nouvellement infectées en Afrique ou en Asie du Sud-Est. C’est une inquiétude pour toute la communauté internationale.
Qu’est-ce qui vous donne la force de continuer à vous battre aujourd’hui ?
Les personnes qui vivent avec le VIH. Le combat c’est pour eux et avec eux. Un chercheur doit toujours garder espoir. Le Sidaction est la seule organisation qui donne de l’argent à la recherche, à l’exception de l’Agence nationale de recherche sur le sida. C’est critique pour les chercheurs, c’est critique pour le milieu associatif qui est soutenu par Sidaction, c’est critique aussi pour des actions internationales. Sidaction est la seule organisation qui a ces trois composantes.
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