A Paris, une "clinique mobile" de MSF pour soigner les migrants
Trois fois par semaine, la camionnette blanche de Médecin sans frontières s’installe porte de la Chapelle, dans le nord de Paris. Premier patient de la journée : Ahmed, 39 ans. Originaire du Darfour, au Soudan, il a déjà vécu quelques mois à Calais, et un an à Marseille avant d'arriver à Paris il y a un mois. Fuyant la guerre, Ahmed a aussi subi des tortures, lui laissant des séquelles physiques et surtout psychologiques. Il souffre de crises d’angoisse et d'insomnies récurrentes. Le médecin qui le reçoit aujourd'hui lui propose d'être suivi par un psychiatre.
Arrivé en France il y a bientôt deux ans, Ahmed s'est vu refuser sa demande d'asile. Aujourd'hui, il est désemparé : "J’étais au Soudan avec un problème et je me retrouve dans un autre problème. Je n'ai pas la solution, je ne vois pas comment faire mais je ne veux pas aller dans un autre pays, je veux être hébergé en France", explique-t-il.
Comme lui, ils sont 250, venus principalement d’Afghanistan et du Soudan, à vivre dans la rue, aux portes du centre d'hébergement de jour ouvert par la mairie de Paris. Et tous souffrent de ces conditions de vie précaires. "Nous avons beaucoup de cas de gale parce qu’ils n'ont pas accès tous les jours à une douche et ils vivent dans des conditions de promiscuité et de précarité assez importantes. Nous voyons aussi beaucoup de gens avec de gros problèmes psychologiques, à cause de ce qu'ils ont vécu soit dans leur pays d'origine soit sur le chemin. Certains ont été torturés, violés… ", raconte le Dr Mondane Berthault, médecin MSF.
En plus des consultations médicales, l'équipe de MSF, qui compte six interprètes parlant farsi et arabe, fait aussi un travail d'information et d'orientation auprès de ces migrants. "La crise humanitaire est présente à Paris. Elle l'est depuis longtemps déjà, mais elle s’est accentuée avec le démantèlement de la jungle de Calais. On se retrouve aujourd’hui dans une situation où les centres d’hébergement sont complètement saturés et les gens s’accumulent ici parce qu’ils ne savent pas où aller", affirme Laureen Cisse, infirmière à MSF.
Depuis décembre 2016, la clinique mobile a déjà soigné 1.150 personnes. Elle sera en activité jusqu’à la fin du mois de juin. L'ONG prévoit aussi l'ouverture d'un centre d'hébergement pour mineurs isolés pour cet été dans la capitale.
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