Cet article date de plus de cinq ans.

Explosion du nombre de violences envers les médecins en 2018

Publié
Temps de lecture : 4min
Article rédigé par La rédaction d'Allodocteurs.fr
France Télévisions
Menaces verbales, vandalisme, agressions physiques... La violence envers les médecins ne cesse d’augmenter. Un nouveau triste record a été dépassé l’année dernière, avec 1 126 déclarations d’incidents. Un chiffre pourtant en dessous de la réalité, car les médecins ne portent pas toujours plainte.

 L’Occitanie, les Hauts-de-France et L’Ile-de-France sont les trois régions les plus touchées. En Seine-Saint-Denis, le docteur Olivier Benaïs exerce son métier de médecin généraliste depuis plus de 20 ans, et a toujours eu l'envie d'être au service des autres. Mais depuis quelques mois, il n’est plus aussi serein à l’idée de venir travailler dans son cabinet. En novembre dernier, il a en effet subi un passage à tabac.

Un soir, alors qu’il raccompagne un patient à la porte, deux individus l’attendent dans le couloir alors qu’ils n’ont pas rendez-vous. Le médecin refuse de les recevoir et leur propose de revenir le lendemain. Les deux hommes s’énervent, repartent, mais reviennent 10 minutes plus tard, interrompent le médecin pendant sa consultation et l’attaquent violemment. « Ils m’ont aspergé de bombe lacrymo, et ils m’ont fait tomber de ma chaise…  J’ai eu un hématome énorme sur le front et une fissure du coude. » Le médecin, très choqué, a également dû bénéficier d'un soutien psychologique.

A l'arrivée de chaque patient, le Dr Benais reste sur ses gardes : « Est-ce qu’il va me demander quelque chose un peu bizarre que je vais être obligé de lui refuser ? Est-ce qu’il va mal le prendre et me violenter ? »

Ce n’est pas la première fois que ce médecin est victime d’agression. Il y a deux ans, il avait déjà été frappé par un individu mécontent de devoir patienter trop longtemps. Ces violences choquent et inquiètent ses patients. Ils s’inquiètent de le voir baisser les bras, et fermer son cabinet. D'autant que les praticiens sont rares dans le secteur.

Des agressions de plus en plus violentes

A l’Observatoire pour la sécurité des médecins, on répertorie 1126 déclarations d’incidents en 2018, soit une hausse d’environ 9% par rapport à 2017.

Temps d’attente considéré trop long, refus de prescription … D’année en année, les motifs des agressions ne changent pas, mais ce qui est nouveau, c’est la violence de certaines situations. Pour le Docteur Hervé Boissin, coordinateur de l’Observatoire des médecins, le contexte est très tendu : « Je suis confrontée à des agressions que je ne voyais pas auparavant, des menaces de mort, un médecin a récemment été confronté à un patient qui lui a montré des balles de fusil». Des agressions de plus en plus dures, parfois avec des armes, une situation inimaginable il y a encore quelques années.

L’auteur des faits est un patient dans plus de la moitié des cas. Le Dr Boissin s’exaspère : « Les patients ont la sensation que les médecins sont à leur service, à leur disposition 24h sur 24h et qu’ils doivent obéir aux injonctions du patient, ce qui est inadmissible. Si la République ne protège pas ses médecins, les médecins ne voudront plus s’installer dans ces déserts médicaux". Renforcer les liens entre les forces de l’ordre et les médecins pour assurer leur sécurité est une requête de longue date, qui n’est toujours pas suivie d’effet.

Aujourd’hui, 70% des professionnels de santé agressés sont des généralistes. Alors qu’ils représentent 40% de la totalité des médecins. Pour Jacques Battistoni , syndicaliste MG France, il faut trouver des solutions rapidement, comme par exemple éviter les cabinets médicaux isolés, ou apprendre aux médecins à faire face à ces situations.

Le Dr Benais partage son cabinet avec une ostéopathe et un podologue. Mais le jour de son agression, aucun d’entre eux n’était présent. Il a maintenant renforcé son dispositif de vidéo surveillance et a décidé de porter plainte contre X. Bien décidé à ne jamais avoir à dévisser sa plaque.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.