Harcèlement sexuel : l’Ordre des médecins encourage à porter plainte
"Nous, médecins, devons être exemplaires. Le harcèlement sexuel est intolérable et doit être quotidiennement combattu, dans le milieu médical comme ailleurs", affirme Patrick Bouet, président du Conseil national de l'Ordre des médecins.
Dans un communiqué publié le 27 octobre, l'organisme chargé de veiller au respect de la déontologie par ses membres encourage même "les victimes de harcèlement sexuel dont l'auteur serait un médecin à porter plainte" devant ses conseils départementaux. Ces derniers sont ensuite "habilités à les transmettre et/ou porter plainte eux-mêmes devant les chambres disciplinaires ordinales afin que ces abus soient dévoilés et sanctionnés", et "toute plainte reçue fait l'objet d'une instruction". Un engagement très inédit de la part d'une instance plutôt connue pour "enterrer" les mises en cause des médecins.
"Passivité des témoins de violences"
L'Ordre souligne par ailleurs qu'une "réflexion sur le harcèlement sexuel en milieu médical est d'ores et déjà menée". Ses conclusions devraient être rendues publiques "avant le 11 novembre", a précisé un porte-parole à l'AFP.
Les instances représentatives des internes, souvent susceptibles d’être victimes d’abus de la part de supérieurs hiérarchiques, se sont également saisies du sujet. "Oui, le harcèlement sexuel existe à l'hôpital et peut concerner tous les professionnels", a notamment réagi vendredi l'ISNAR-IMG, intersyndicale d'internes en médecine générale. Elle regrette que "sous couvert de tradition, « d'humour carabin », et souvent dans un contexte de liens de subordination", des actes quotidiens soient "banalisés" alors qu'ils "peuvent pourtant correspondre à de véritables violences psychologiques". "Il est temps qu'enfin la culpabilité change de camp", ajoute l'intersyndicale, invitant "l'ensemble des soignants, témoins ou victimes, à ne rien taire".
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De son côté, l’Intersyndicat national des internes (Isni) présentera le 18 novembre "des propositions d'actions concrètes" à l’issue d’une enquête sur le sexisme dans les études de médecine. "Les témoins des violences et du harcèlement sexuels restent passifs dans la grande majorité des cas", déplore l’association dans son communiqué. "Si Martin Hirsch a reconnu l'existence de ce malaise à l'hôpital public, ajoute l’Isni, il est temps de dépasser le simple constat et de s'engager pour mettre fin à ce fléau du quotidien."
Le 26 octobre, Martin Hirsch, le directeur général de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), a effectivement déclaré sur France Inter que le harcèlement sexuel était "un problème à l'hôpital" et affirmé que ses "acteurs ont toujours eu du mal à faire la frontière entre la plaisanterie lourdingue" et "le harcèlement".
Avec AFP
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