Les enfants prématurés survivent mieux grâce à des traitements "plus efficaces" qu'il y a 20 ans
En France, les enfants nés prématurés survivent mieux et ont moins de séquelles qu'il y a 20 ans, selon une récente étude. Selon le médecin Pierre-Yves Ancel, cette amélioration est liée à des traitements "efficaces" et une meilleure "organisation des soins".
Chaque année en France, 60 000 enfants naissent prématurés, ce qui correspond à environ 8% des grossesses. Selon une étude de l'Inserm qui a suivi sur plusieurs années près de 5 500 enfants, les prématurés survivent mieux et ont moins de séquelles. Invité de franceinfo lundi 28 août, le professeur Pierre-Yves Ancel, médecin épidémiologiste, investigateur principal de cette étude, Epipage 2 , a estimé que ces bons résultats sont dus à une meilleure "prise en charge médicale", même si, selon lui, elle doit s'améliorer encore car seulement "60% des enfants bénéficient" d'une "prise en charge optimale".
franceinfo : Que révèle l'étude Epipage 2 exactement ?
Pierre-Yves Ancel : Un des premiers constats est l'amélioration de la survie de ces enfants, notamment des grands-prématurés, nés autour du sixième et septième mois de la grossesse. La survie d'un enfant né autour du sixième mois est passée de 80 % il y a 20 ans à plus de 90 % aujourd'hui. Le deuxième constat, concerne le développement et le devenir de ces enfants à l'âge de 2 ans. On observe qu'ils sont moins de 10% à développer un handicap moteur, type infirmité motrice cérébrale. Ces handicaps moteurs ont été réduits de moitié en 20 ans. La survie s'est améliorée mais la survie sans séquelle grave aussi.
Comment expliquez-vous ces bons résultats ?
La prise en charge médicale a évolué en l'espace de 20 ans. On a recours à des traitements qui sont plus efficaces, pendant la grossesse et une fois que l'enfant est né puis admis en service de réanimation néonatale. C'est aussi une amélioration de l'organisation des soins. On arrive à faire naître ces bébés au bon endroit, c'est-à-dire dans des maternités qui ont le plateau technique qui permette la prise en charge à la fois de la maman et de l'enfant.
Quelles maternités accueillent les mamans à haut risque d'accouchement prématuré ?
Les maternités qui accueillent ces maman-là sont des maternités de type 3, très souvent liées à un CHU. Il y a une organisation de soins avec un maillage dans chacune des régions pour permettre l'identification des femmes à haut risque d'accouchement prématuré par différentes structures et professionnels. Une fois que la maman est identifiée avec une pathologie sévère, elle est orientée vers ces maternités de type 3.
Le nombre de prématuré est en augmentation. Comment l'expliquez-vous ?
L'élément qui explique l'augmentation est la prématurité induite, qui est décidée par les équipes médicales en raison d'un risque pour l'enfant et la mère jugé trop important si la grossesse se poursuit. Ces prématurités induites représentent la moitié.
Peut-on encore progresser ?
On peut progresser sur la prise en charge. Il y a une étude européenne qui a montré que que seulement 60% des enfants prématurés bénéficiaient des quatre traitements jugés très efficaces dans la prise en charge de ces naissances. Il y a une marge de progression. Certes, cela s'est amélioré en termes de survie et de survie sans séquelle grave mais on ne sait pas tout des développements plus fins de ces enfants. Quid des apprentissages ou de la communication des apprentissages avec les autres.
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