Pour la Cour des comptes, il faut lutter contre un "climat anxiogène sur la vaccination"
La politique vaccinale est "un enjeu de santé publique" mais souffre d’un déficit de confiance, selon la Cour des comptes. Pour les sages en effet, le passage de 3 à 11 vaccins obligatoires pour les enfants nés à partir du 1er janvier était "nécessaire", mais ne suffit pas à garantir une couverture optimale. Car ce qui intéresse la Cour, ce sont les moyens mis en œuvre pour faire respecter cette obligation. Dans un rapport, elle encourage donc l’Etat à lutter contre la propagation de fausses informations sur Internet, mesure qu’elle inscrit "dans une stratégie d'ensemble plus large pour conforter durablement la confiance".
Des "rumeurs amplifiées par les médias sociaux et accompagnées d'un discours complotiste"
Aussi la Cour enjoint-elle la Haute Autorité de Santé (HAS) à assurer "une présence plus forte et plus réactive sur les réseaux sociaux" dans le but de lutter contre un "climat anxiogène sur la vaccination". Elle précise que sur le net, les "rumeurs et polémiques [sont] amplifiées par les médias sociaux et souvent accompagnées d'un discours complotiste".
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Elle en profite pour rappeler les rumeurs qui avaient circulé sur le vaccin rougeole-oreillons-rubéole (ROR), qu’elle considère comme "un cas d’école". En Grande-Bretagne, le vaccin avait été accusé, à tort, de provoquer l’autisme. En 1998 en effet, le Dr Wakefield avait publié une étude dans The Lancet affirmant qu’il était à l’origine de la survenue de troubles autistiques chez l'enfant. Les médias avaient relayé cet article "sans aucune analyse critique de ces assertions, ce qui a conduit à un vent de panique provoquant très rapidement la chute de la couverture vaccinale en Grande-Bretagne, mais aussi dans de nombreux autres pays". Les travaux du Dr Wakefield avaient en réalité été falsifiés, et la revue The Lancet elle-même avait démontré l’absence de lien de causalité entre vaccin ROR et autisme un an plus tard. Depuis, le Dr Wakefield a été radié, et l’article retiré. Mais la rumeur persiste, même dans l’hexagone.
Conséquence directe de ces fausses informations : l’épidémie de rougeole qui a sévi en France dans les années 2000, au cours de laquelle 20 personnes sont décédées. Aujourd’hui, la rougeole, qui nécessite deux vaccinations, a toujours un taux de couverture peu satisfaisant pour les autorités de santé (91 % pour la première dose et 79 % pour la seconde).
"Les plans visant à relancer la politique vaccinale n'ont débouché que sur des mesures partielles"
Selon la Cour des comptes, si de telles rumeurs trouvent un écho considérable sur les réseaux, c’est en partie parce que "la mobilisation des pouvoirs publics a manqué de réactivité et de force" pour contrer le phénomène d'"hésitation vaccinale". Le rapport estime en outre que cette défiance est plus marquée en France qu'ailleurs. D’après la Cour, "les plans successifs visant à relancer la politique vaccinale n'ont débouché que sur des mesures partielles, mal coordonnées, insuffisantes pour renforcer suffisamment l'adhésion vaccinale".
Elle rappelle néanmoins que "si rechercher sur Internet et les réseaux sociaux de l’information sur la santé entre de plus en plus dans les usages, de nombreuses études ont montré que le médecin est toujours considéré comme la première source d’informations de confiance en matière de vaccination". Selon elle donc, l’influence des recommandations du médecin "sur les comportements vaccinaux de ses patients est avérée".
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