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Quand consulter dans un centre de la douleur ?

A l'occasion de la Journée mondiale de la douleur, le Pr Bouhassira, neurologue spécialisé dans la douleur, fait le point sur les centres de la douleur. A qui sont-ils adressés et à quel moment faut-il y avoir recours ? 
Article rédigé par La rédaction d'Allodocteurs.fr
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Quand consulter dans un centre de la douleur ?

Douze millions de Français souffrent de douleurs chroniques, des douleurs pouvant être prises en charge dans les consultations ou centres de la douleur. Intiées en 1998 ces consultations sont réparties dans toute la France. 

  • Quand s'adresser au centre de la douleur ?

Pr Bouhassira, neurologue : "On nous adresse les patients les plus compliqués et difficiles à gérer pour lesquels on n'a pas trouvé de solution. Si le patient est en échec thérapeutique, il faut l'adresser à un centre de la douleur.  La grande question, c'est à quel moment ? Idéalement, ce n'est pas trop tôt, et surtout pas trop tard, après un ou deux échecs de traitement..."

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  • En quoi consiste un centre anti-douleur ? 

Pr Bouhassira, neurologue : "La première consultation nécessite une lettre d'un généraliste ou d'un spécialiste. Les centres proposent une prise en charge pluridisciplinaire : "Les médicaments ne sont qu'une petite partie du traitement car ils ont une action partielle sur la douleur, commente le  On utilise aussi la kinésithérapie, la physiothérapie, les psychothérapies pour l'aspect plus psychologique, les médecines complémentaires avec l'hypnose, l'acupuncture et l'ostéopathie parfois, des techniques de neuromodulation. On essaie de trouver la meilleure combinaison pour chaque patient."

  • Pourquoi les centres sont-ils débordés ?

Pr Bouhassira, neurologue : "Les délais de rendez-vous dans les centres de la douleur sont longs ; le strict minimum est de 3 mois, mais c'est bien au-delà souvent... On ne peut pas faire mieux car le nombre de centres n'a pas augmenté, il est plutôt en diminution et c'est pareil pour le nombre de spécialistes (30% des spécialistes vont partir en retraite dans les 5 ans à venir et ne seront pas forcément remplacés). D'où la nécessité de transformer le parcours de soins, mais les généralistes et spécialistes peuvent faire beaucoup de choses.

Certains patients ne nécessitent pas de consultation, donc on les réoriente quand on a fait leur bilan. D'autres ont des douleurs légères et modérées mais ils sont très anxieux et ils veulent un avis spécialisé. Mais ils prennent la place d'autres patients ! Il y a aussi pas mal de patients qui sont à la limite avec un contexte psycho social, qui relèverait plus d'une prise en charge psychiatrique (en plus du domaine de la composante psychologique de la douleur chronique)."

  • Comment améliorer la situation ?

Pr Bouhassira, neurologue : "Les centres ne peuvent pas gérer les 12 millions de Français qui souffrent de douleurs chroniques. Même si tous ne nécessitent pas une consultation anti-douleur, nous sommes confrontés à une demande très importante à laquelle on ne peut pas répondre. On ne peut pas multiplier les structures mais il faut trouver les solutions, qui passeront forcément par les confrères, peut-être avec des réseaux. La Société Française de la Douleur y réfléchit beaucoup car il faut une réorganisation des parcours de soin qui est en cours au niveau de la douleur et de pathologies chroniques. Cela demande un investissement des pouvoirs publics, une formation des généralistes et des spécialistes et donc cela demande un peu de moyens. Le sujet est d'actualité et c'est une des priorités de notre ministre..."

Il n'y a pas de solution miracle mais il y a quelques initiatives, avec par exemple un outil "coupe-fil douleurs". C'est un questionnaire que l'on essaie de valider auprès des généralistes, pour les aider à déterminer les degrés d'urgence et à prioriser certains patients. C'est en cours de validation. Mais cela demande un investissement du généraliste et de certains spécialistes, une formation et c'est une démarche qui n'est pas évidente.

On essaie d'améliorer la situation en régulant tout cela et c'est loin d'être facile.

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