Une carte de France de la "fracture sanitaire"
Dans une étude publiée mardi, l'UFC-Que choisir révèle les zones où l'accès à des médecins ne pratiquant pas de dépassements d'honoraires est presque impossible.
SANTE – C'est un mélange explosif. Dans une étude publiée mardi 16 octobre, l'UFC-Que choisir couple les disparités géographiques liées aux déserts médicaux et aux dépassements d'honoraires.
Pour quatre spécialités médicales (généralistes, pédiatres, ophtalmologistes, gynécologues), l'association de défense des consommateurs dresse une carte "de l'intolérable fracture sanitaire" en France. FTVi revient sur les difficultés, pour les patients, de consulter des médecins qui ne pratiquent pas de dépassements d'honoraires.
Que révèle l'UFC-Que choisir ?
Jamais jusqu'ici l'offre sanitaire n'avait été étudiée sous le double aspect des déserts médicaux et des dépassements d'honoraires. "Nous avons regardé les deux dimensions de l'accès aux soins, la dimension géographique et la dimension financière, explique le président de l'association, Alain Bazot. Et c'est vrai que lorsqu'on couple les deux, les résultats sont assez dramatiques."
Quelques surprises ressortent de cette enquête : les coins de campagne reculés ne sont pas les seuls endroits où il es difficile de se faire soigner. Grâce à une carte interactive publiée sur son site Internet, l'UFC-Que choisir souligne ainsi que, dans des zones urbaines, il est particulièrement compliqué de se faire soigner par un médecin qui ne pratique pas le dépassement d'honoraires. "Ce sont, in fine, les villes moyennes de province qui s'en sortent le mieux", estime l'association, citée par Le Monde.
Où se situe la "fracture sanitaire" ?
Dans le cas des pédiatres, il existe des grandes villes de plus de 100 000 habitants où l'on ne trouve presque pas de praticiens de secteur 1 (sans dépassements) : Orléans, Le Havre, ou encore Mulhouse. Au total, ce sont 58% des Français qui ont un accès difficile aux pédiatres conventionnés.
Pour les ophtalmologistes et les gynécologues, la situation est bien pire. Non seulement ces spécialistes se font rares, mais moins de la moitié (46%) pratiquent les tarifs opposables. Ce sont 80% des Français, soit 51 millions de personnes, qui ont potentiellement des difficultés à y avoir accès. En Ile-de-France, "l'offre sans dépassements d'honoraires est pratiquement inexistante" pour les gynécologues, assurent les auteurs de l'étude.
Si la situation est meilleure pour trouver des médecins généralistes, plus nombreux et pratiquant peu les dépassements, 3,7 millions de personnes vivent néanmoins dans un désert médical et 13,6 millions connaissent un accès difficile à ces praticiens.
Que recommande l'association ?
Constatant "qu'il y a clairement une fracture entre ceux qui peuvent se soigner au tarif de la Sécu et ceux qui subissent les dépassements", l'UFC-Que choisir demande que seuls puissent s'implanter dans les secteurs "surdotés" (très fournis en praticiens) des médecins de secteur 1. Elle réclame par ailleurs que les aides publiques soient réservées aux médecins de zones "sous-dotées", comme le préconise la Cour des comptes.
Prônant à terme la disparition des dépassements, l'UFC-Que choisir suggère de les plafonner temporairement à 40% du tarif Sécu (taux médian remboursé par les complémentaires santé) dans l'attente d'une refonte complète de la tarification des actes. Ces chantiers sont au cœur des négociations avec les syndicats médicaux sur les dépassements d'honoraires, dont le dernier round se tient mercredi.
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