Papillomavirus : ce qu'il faut savoir sur la campagne de vaccination contre les HPV qui commence dans les collèges
Une nouvelle campagne de vaccination s'ouvre en France. A partir du lundi 2 octobre, les collégiens en classe de cinquième sont invités à recevoir la première de deux injections contre les papillomavirus humains (aussi connus sous l'acronyme anglais HPV) dans leur établissement scolaire. Cette campagne avait été promise par Emmanuel Macron en février, et doit permettre d'améliorer la couverture vaccinale contre ces virus, responsables de plus de 6 000 nouveaux cas de cancers en France chaque année. Voici ce qu'il faut savoir sur les modalités de cette opération.
Une campagne soumise au volontariat et à l'accord des parents
Cette campagne de vaccination concerne les 800 000 élèves âgés de 11 à 14 ans et scolarisés en classe de cinquième cette année, dans les près de 7 000 collèges publics ainsi que les établissements privés sous contrat qui se sont portés volontaires, détaille l'Institut national du cancer. Elle s'ouvre lundi dans quelques régions françaises, dont la Nouvelle-Aquitaine et la Normandie, et s'étendra progressivement à tout le territoire. Une expérimentation a déjà été menée dans le Grand Est pendant deux ans.
Cette vaccination n'est pas obligatoire. Elle est soumise au consentement des deux parents, qui devront remplir un formulaire d'autorisation. Des kits d'informations ont déjà été distribués depuis la rentrée. Les élèves recevront une première dose d'ici à décembre, et une seconde six mois plus tard. Les injections seront effectuées, dans leur collège et sur le temps scolaire, par des équipes mobiles de soignants extérieurs à l'établissement.
Aucun frais à avancer
Ces vaccins sont entièrement pris en charge par la Sécurité sociale, sans avance de frais. Les élèves et leurs parents n'auront donc rien à débourser dans le cadre de cette campagne.
Une vaccination recommandée dès 11 ans pour les filles et les garçons
La vaccination contre les HPV ne concerne pas seulement les enfants qui se la verront proposer dans leur collège. Elle est recommandée par la Haute autorité de santé pour toutes les filles et tous les garçons âgés de 11 à 14 ans, et peut même faire l'objet d'un rattrapage jusqu'à 19 ans, voire 26 ans pour les hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes.
Pour faire vacciner leur enfant, les parents peuvent s’adresser à différents professionnels de santé (médecin, sage-femme, infirmier, pharmacien...) ou à un centre de vaccination municipal ou départemental. Dans certains de ces centres, la vaccination peut être prise en charge à 100 %, sans avance de frais. Pour les personnes qui bénéficient de la Complémentaire santé solidaire (CSS) ou de l’aide médicale d’État, il n’y a rien à payer. Si ce n’est pas le cas, chaque dose de vaccin est prise en charge à 65% par la caisse d’Assurance maladie. Le reste est généralement couvert par les complémentaires santé.
Des vaccins sûrs et efficaces
Lancé sur le marché dans les années 2000, le vaccin contre les HPV a prouvé son efficacité contre l'infection par ces virus, mais aussi, de manière de mieux en mieux avérée, contre le risque de déclarer un jour un cancer du col de l'utérus. Il est d'autant plus efficace qu'il est administré avant la première rencontre avec le virus à l'origine de l'infection, selon les experts.
La vaccination prévient jusqu’à 90% des infections par les HPV. Celles-ci ne se manifestent souvent par aucun symptôme, mais sont à l’origine de lésions précancéreuses ou de cancers du col de l’utérus, de la vulve, du vagin ou de l’anus. La vaccination contre les HPV est l’une des seules vaccinations existantes contre les lésions précancéreuses et les cancers, rappelle le gouvernement. Un seul des vaccins existants, le Gardasil 9, sera administré lors de la campagne dans les collèges. Il est le seul à avoir donné des résultats probants chez les hommes, rappelait à la HAS en 2020.
Comme tous les vaccins, le vaccin contre les papillomavirus humains fait l’objet d’un suivi par l’Organisation mondiale de la santé. Dans un contexte post-Covid, où une défiance vaccinale persiste chez une partie des Français, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a annoncé fin septembre qu'elle procéderait à une "surveillance renforcée" des éventuels effets secondaires de l'injection dans le cadre de la campagne dans les collèges. Pour autant, "les effets indésirables les plus fréquemment observés avec les vaccins Gardasil 9", notamment des douleurs à l'endroit de la piqûre ou des maux de tête, "ne sont pas graves dans la très grande majorité des cas, et disparaissent spontanément en quelques jours, même s'ils peuvent être gênants", rassure l'ANSM.
Une couverture vaccinale plus faible que dans beaucoup de pays voisins
Le taux de vaccination contre les papillomavirus humains en France est un des plus faibles d'Europe. Dans le détail, seules 41,5% des filles de 16 ans avaient reçu un schéma vaccinal complet en 2022, selon l'Institut national contre le cancer. Chez les garçons, à qui cette vaccination n'est recommandée que depuis 2021, la couverture vaccinale au même âge était de 8,5%.
La campagne lancée dans les collèges a pour objectif d'améliorer ces taux. En Europe, selon l'OMS, 20 pays avaient vacciné plus de 50% des jeunes filles ciblées lors de l'année scolaire 2019-2020, et huit états avaient atteint une couverture de 80%. "Une vaccination précoce, avant que chaque cohorte ne rencontre le virus, est l’élément décisif qui empêche la propagation ultérieure de ce dernier", insiste l'organisation.
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