"On sait que les vaccins peuvent éviter des maladies mortelles et prévenir des maladies infectieuses", déclare l'ancien président du Comité consultatif national d'éthique
"Il faut répéter. On sait que les vaccins peuvent éviter des maladies mortelles et prévenir des maladies infectieuses", déclare, mercredi 24 avril sur franceinfo, Jean-François Delfraissy, professeur d'immunologie et Président du Comité consultatif national d'éthique, alors que l'OMS publie une étude affirmant qu'au moins 154 millions de vies ont été sauvées grâce aux vaccins depuis 50 ans. Une étude qui porte seulement sur la vaccination contre 14 maladies comprenant la rougeole, la coqueluche ou encore la fièvre jaune et qui paraît en pleine Semaine européenne de la vaccination.
Franceinfo : Dans le même communiqué que celui de l'OMS, l'Unicef met l'accent sur la baisse de la mortalité infanto-juvénile, il y a moins d'enfants qui meurent avant l'âge de 5 ans, c'est bien ça ?
Jean-François Delfraissy : C'est exact. On observe une baisse de la mortalité infantile qui est liée à deux phénomènes : la vaccination - et en particulier la vaccination contre la rougeole - mais aussi la mortalité infantile post-accouchement qui a diminué. Mais la vaccination joue un rôle vraiment majeur et surtout assez simple, connu et solide. C'est bien que l'OMS rappelle que la science doit finalement conduire les décisions de politiques publiques.
Quel est le frein principal selon vous pour améliorer encore ces statistiques, l'accès au vaccin ou la réticence d'une partie de la population à se faire vacciner ?
On peut distinguer ce qu'il se passe dans ce qu'on appelle le Sud global et dans les pays du Nord. Dans le Sud global, c'est l'accès au vaccin. Il y a encore des zones où l'accès à des vaccins comme la rougeole reste difficile. Par ailleurs, il y a une crainte de l'OMS sur un arrêt transitoire de la vaccination contre la rougeole durant la période Covid dans le Sud global. Dans les pays du Nord : la France, les grandes démocraties européennes, le Canada, les Etats-Unis... L'accès aux vaccins est plus facile, il y a donc des réticences vaccinales qui demeurent par rapport à certains vaccins qui ne sont d'ailleurs pas les mêmes selon les pays. Ces réticences ont été majorées pendant la période Covid. En France, il y a une sorte de doute de la population sur l'intérêt ou pas des vaccins. Il faut répéter. On sait que les vaccins peuvent éviter des maladies mortelles et prévenir des maladies infectieuses. Les effets secondaires existent mais ils sont limités et très surveillés. Le rapport bénéfices-risques est très très en faveur des vaccins qu'on utilise.
Où en est la recherche mondiale ?
Il y a de grandes maladies infectieuses contre lesquelles on n'a pas de vaccin et on aimerait en avoir un. Par exemple, le VIH-Sida, ou encore le paludisme pour lequel on commence à avoir des candidats-vaccins. On n'a pas non plus de bon vaccin contre la tuberculose. On se réjouit d'un côté d'avoir une stratégie qui repose sur la science et de l'autre côté, il faut que la science avance pour nous trouver des vaccins là où ils ne sont pas disponibles. Actuellement, la recherche mondiale s'appuie sur les leçons du Covid et sur la possibilité d'avoir une réponse avec un nouveau vaccin avec les techniques d'ARN messager dans un délai de 100 jours. Pour le prochain agent pathogène, l'idée est de pouvoir - une fois qu'il est identifié - construire un vaccin dans un délai de trois mois.
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