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Des Français mettent au point le premier cœur artificiel

Le Pr Alain Carpentier, spécialiste des greffes cardiaques à l'Hopital européen Georges Pompidou, a annoncé lundi qu'un projet de cœur artificiel total auquel il travaille depuis 15 ans allait maintenant être produit de façon industrielle pour être implanté "d'ici deux ans et demi" pour essais chez l'homme.
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C'est une histoire qui peut faire sourire ou grincer des dents. Le propre de l'ironie. Qu'un cœur artificiel, qui - s'il parvient à surmonter les tests - sauvera des millions de vies, soit issu d'un savoir-faire provenant de la technologie de fabrication des missiles. C'est pourtant vrai.

C'est dans les locaux d'EADS, le géant européen de l'aéronautique et de l'armement qu'il faut chercher le premier cœur artificiel susceptible de battre un jour dans la poitrine d'un malade insuffisant cardiaque. Un secret que que la maison mère d'Airbus et de Matra s'était engagé à conserver vis à vis de l'inventeur de cette “bioprothèse”, un spécialiste reconnu, le professeur Alain Carpentier, directeur du laboratoire d'études des greffes et prothèses cardiaques de l'hôpital européen Georges Pompidou, à Paris.
_ Il doit sa notoriété à la réalisation de la première opération à coeur ouvert et à la mise au point de la bioprothèse valvulaire, qui peut remplacer une valve cardiaque.

Matériau anti-coagulant

Le professeur Carpentier a mis 15 ans à trouver une solution au principal problème, sur lequel buttait toutes les équipes, notamment américaines : la coagulation du sang au contact d'un corps étranger. Or, la bioprothèse valvulaire évite justement cet obstacle.

Cette bioprothèse valvulaire avait été développée grâce à une société américaine, le professeur Carpentier n'étant pas parvenu à trouver des investisseurs en France. Ce ne sera pas le cas cette fois. Si ce cœur artificiel se trouve dans les locaux d'EADS, c'est parce qu'Alain Carpentier a bénéficié du soutien de Jean-Luc Lagardère, qui lui a ouvert les portes de Matra. Les spécialistes maison sont parvenus à mettre au point des micro-capteurs électroniques qui ont permis de miniaturiser le cœur artificiel afin qu'il puisse retrouver la taille d'un cœur véritable, et de réagir aux différents changements de rythmes du corps. C'est là qu'intervient la technologie issue des missiles.

Opérationnel d'ici deux ans et demi

Le prototype va être fabriqué à plusieurs exemplaires pour passer les nombreuses batteries de tests permettant de le rendre opérationnel. C'est une start-up, la Carmat, émanation d'EADS, qui va s'en charger. Elle a obtenu - c'est rarissime pour une entreprises de haute technologie française - plusieurs millions d'aides publiques.
_ Le professeur Carpentier espère voir son cœur artificiel utilisé par les malades d'ici deux ans et demi.

Grégoire Lecalot, avec agences

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