Environnement : au large de la Nouvelle-Calédonie, une bouée bardée de technologie pour mieux comprendre la capacité des océans tropicaux à capter le CO2

Cette embarcation a été mise à l'eau samedi. Elle va collecter des échantillons d'eau pendant quatre ans pour permettre aux scientifiques d'évaluer la capacité des océans tropicaux à piéger le CO2.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Cette bouée scientifique va collecter des échantillons d'eau au large de la Nouvelle-Calédonie pendant quatre ans. (BONNET/IRD)

Un laboratoire flottant de huit mètres de haut sur cinq mètres de diamètre, tout jaune, a été mis à l'eau samedi 2 mars au large de Nouméa, en Nouvelle-Calédonie. Il s'agit d'une bouée haute technologie qui va collecter des échantillons d'eau pendant quatre ans. Ces prélèvements sont précieux pour les scientifiques qui tentent d'évaluer la capacité des océans tropicaux à piéger le CO2.

Ce projet de recherche, financé par l'Union européenne, est baptisé HOPE et pilotée par l'IRD, l'Institut de recherche pour le développement.

Les scientifiques parlent de bouée mais c'est presque une petite embarcation, comme un satellite marin bardé de capteurs et de panneaux solaires. "On peut rentrer à l'intérieur de la bouée, il y a des paillasses, des automates, tout ce qui permet d'étudier cette complexité de l'océan de façon autonome parce que mettre des océanographes toutes les heures dans l'océan pendant plusieurs années, on ne peut pas le faire", explique Sophie Bonnet, océanographe et directrice de recherche à l'IRD. C'est donc depuis la terre ferme que les chercheurs vont piloter cette bouée.

L'objectif est de collecter des échantillons d'eau à haute fréquence pendant quatre ans, un rythme essentiel pour étudier le piégeage du CO2 par l'océan, notamment grâce au plancton. "Il y a des changements de vent, de luminosité, de température qui vont conditionner le contenu en plancton. Notre ambition est de pouvoir observer l'océan à très haute fréquence, à l'échelle de l'heure, avec un fort degré de complexité", poursuit Sophie Bonnet.

Les océans tropicaux captent plus de CO2 qu'estimé

Les scientifiques le disent depuis longtemps, dans cette région du monde, la captation du dioxyde de carbone par les océans n'est pas aussi efficace que dans les zones tempérées "parce qu'ils sont pauvres en nutriment donc ça limite le développement du plancton, qui fixe ce CO2". Pour autant, les océans tropicaux ne sont pas forcément les mauvais élèves du piégeage du CO2, selon Sophie Bonnet, pour qui leur rôle serait sous-estimé. Elle a mis en avant cette théorie ces derniers mois avec ses équipes : les océans tropicaux capteraient plus de CO2 qu'on ne l'imagine, notamment grâce à des micro-organismes, un type de plancton particulier appelé "diazotrophe".

"Ces diazotrophes viennent refertiliser ces milieux pauvres donc ils recréent des oasis de vie au milieu des déserts et créent un petit puits de carbone, plus faible que dans les zones tempérées et polaires évidemment, mais vue l'étendue de cet océan, on doit prendre en compte le rôle de ces zones et caractériser le fonctionnement de cette pompe", indique l'océanographe. Cette pompe à carbone est essentielle. Les océans absorbent près de 25 % des émissions de CO2 liés aux activités humaines. En approfondissant les connaissances sur les océans tropicaux, les chercheurs pourront affiner les modèles d'analyse d'évolution du climat.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.