Après le crash du SpaceShipTwo, le tourisme spatial a-t-il du plomb dans l'aile ?
Le vaisseau spatial développé par l'entreprise de Richard Branson s'est écrasé dans le désert californien. Ce qui pose quelques questions sur l'avenir du tourisme spatial.
Il a été victime d'une anomalie en plein vol de test. Le SpaceShipTwo, le vaisseau spatial de l'entreprise Virgin Galactic détenue par le milliardaire Richard Branson, s'est écrasé, vendredi 31 octobre, dans le désert californien. Le crash a tué sur le coup l'un des deux pilotes et l'autre est toujours hospitalisé dans un état grave. De quoi refroidir les ardeurs des nouveaux conquérants de l'espace. Cet accident remet-il en cause les projets de tourisme spatial ? Eléments de réponse.
Oui, c'est un coup dur pour le secteur
Dure semaine pour l'industrie spatiale privée. Le crash du SpaceShipTwo intervient en effet quelques jours après l'explosion spectaculaire de la fusée Antares. Ce vol privé sous-traité par la Nasa à la société Orbital Sciences devait amener vivres et équipements à la Station spatiale internationale.
L'accident du SpaceShipTwo est donc un nouveau coup dur. Ce que montre la réaction de l'administrateur de la Nasa, Charles Bolden, après le crash. "Bien que ce ne soit pas une mission de la Nasa, la douleur de cette tragédie sera ressentie par tous les hommes et les femmes qui ont consacré leurs vies à l'exploration. Le vol spatial est incroyablement difficile, et nous saluons la passion de tous ceux qui (...) prennent des risques pour repousser les limites des réussites de l'homme", a-t-il commenté.
Oui, la société Virgin Galactic prend du retard
L'ambition du milliardaire Richard Branson était d'organiser son premier vol surorbital (à la frontière de l'espace), contre 250 000 dollars, en 2011. Force est de constater que plusieurs reports ont eu lieu et que son projet va, une fois encore, devoir être repoussé. "Avec cet accident, un délai d'un ou deux ans supplémentaires ne serait pas surprenant", confie Marco Caceres, analyste espace chez Teal Group, à 20 minutes. Sans compter que les quelque 800 personnes ayant déjà pris leur billet "pourraient bien renoncer" au voyage.
Vendredi, le vol du SpaceShipTwo devait permettre de tester un nouveau type de carburant solide composé de billes en plastique. Pour Marco Caceres, il faudra désormais "une douzaine de tests supplémentaires réussis (...) pour regagner la confiance" du public.
Oui, cela révèle la dangerosité de ces vols
L'accident survenu sur le SpaceShipTwo donne en tout cas du grain à moudre à ses détracteurs. Pour le journaliste scientifique de Libération, cet accident "devrait encourager une réflexion critique sur ces projets et à tout le moins bloquer tout financement public et inciter les agences chargées de la sécurité à considérer les risques qu'ils peuvent faire courir aux passagers et aux citoyens en cas de crash au sol".
Car oui, ce genre de vol est dangereux, renchérit un chroniqueur sur le site Mashable (en anglais), et le crash du SpaceShipTwo en est l'illutration : "Ce que la tragédie de vendredi nous rappelle, c'est ça : les vols dans l'espace sont dangereux par nature (....) Nous devons commencer à les considérer comme tels." Or, selon lui, la communication mise en place par Richard Branson fait oublier cet état de fait.
"La plus grande leçon que nous devons retenir de cette tragédie est que l'espace n'est pas un parc d'attractions", poursuit-il. "Les visiteurs ne seront pas des touristes, pas maintenant, et certainement pas avant de nombreuses générations. Nous réussirons ce pari seulement après une litanie d'erreurs, d'expériences et de découvertes accidentelles."
Non, ce projet a encore de nombreux soutiens
Reste que Richard Branson a su s'entourer et que ce crash ne devrait pas remettre son projet en question. Parmi les personnes ayant d'ores et déjà réservé un vol, figurent Brad Pitt, Ashton Kutcher ou encore Leonardo DiCaprio, rappellent Les Echos. Ce dernier a même vendu aux enchères, pour la modique somme de 700 000 euros, un voyage dans l'espace avec lui organisé par Virgin Galactic. L'entreprise dispose donc d'une enveloppe confortable, en plus de la situation financière très confortable de son fondateur.
Non, d'autres projets ont déjà démarré
Par ailleurs, Virgin Galactic n'est pas la seule entreprise privée à imaginer des vols dans l'espace (ou à sa frontière). Comme le soulignent Les Echos, plusieurs autres sociétés se lancent dans cette course effrénée, comme XCor, Space X ou encore Zero Gravity Corporation. Certaines souhaitent proposer des vols suborbitals, d'autres des vols pour découvrir la gravité, voire même des vols en orbite. Même Airbus Group réfléchit à organiser des vols au-dessus de 100 kilomètres d'altitude, pendant deux heures.
Bref, comme l'indique le quotidien économique, "le tourisme spatial n’est qu’un marché parmi d’autres" . Stuart Witt, le directeur de la base spatiale d'où s'est envolé le SpaceShipTwo, incite ainsi à croire en ce secteur "qui bourgeonne à travers la planète". Et qui a encore de beaux jours devant lui.
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