Espace : trois questions sur la comète C/2022 E3, visible à l'œil nu 50 000 ans après son dernier passage près de la Terre
Les férus d'astronomie et les amoureux de ciels étoilés ont coché cette semaine sur leur agenda. Ils ont rendez-vous avec un objet céleste très rare, la comète C/2022 E3 (ZTF), visible à l'œil nu pour la première fois depuis 50 000 ans, c'est-à-dire durant le paléolithique, quand les hommes n'étaient encore que des chasseurs-cueilleurs. Visible depuis samedi 21 janvier, elle sera observable jusqu'au début du mois de février. Franceinfo vous présente cette comète et vous explique comment ne pas la rater.
D'où vient C/2022 E3 (ZTF) ?
La comète C/2022 E3 (ZTF) a été découverte le 2 mars 2022 par l’observatoire Palomar, en Californie. Elle mesure un kilomètre de diamètre. Elle est reconnaissable à "la chevelure en vert, la queue de gaz ionisé en bleu et la queue de poussière en blanc" qu'elle traîne dans le ciel, décrit l'astrophysicien Eric Lagadec sur Twitter. Elle est composée de glace, de roche et de poussière. Quand une comète se rapproche du Soleil, la glace contenue dans son noyau se sublime (passant de l'état solide directement à l'état gazeux) et laisse s'échapper une longue traîne de poussière reflétant la lumière du Soleil.
La dénomination des comètes obéit à une nomenclature très précise, comme le rappelle Numerama. Le "C" ne signifie pas simplement "comète" mais précise qu'elle ne tourne pas sur une orbite régulière autour du Soleil, 2022 fait référence à l'année de sa découverte, le "E" au moment de sa découverte dans l'année, c'est-à-dire la première quinzaine de mars, et le "3" précise l'ordre de découverte durant cette période. Enfin "ZTF" renvoie à "Zwicky Transient Facility", un programme de relevé astronomique du ciel, qui exploite le télescope de l'Observatoire Palomar.
Selon Nicolas Biver, astrophysicien de l'Observatoire de Paris-PSL, "d'après l'inclinaison du plan de son orbite, il s'agirait d'une comète à longue période provenant initialement du nuage de Oort". Cette vaste zone théorique située jusqu'à une année-lumière du Soleil est l'un des deux réservoirs à comètes avec la ceinture de Kuiper, située au-delà de l'orbite de Neptune.
Où et comment la voir ?
C'est cette semaine qu'elle sera le plus facilement observable. "Elle va passer le long de la Petite Ourse, précise Jean-Luc Dauvergne, du magazine Ciel et Espace. La Petite Ourse, on la repère à partir de la Grande Ourse avec sa forme de casserole. Le meilleur conseil, c'est de scanner le ciel dans cette zone avec une paire de jumelles. Avec un ciel bien sombre, on a toutes les chances de bien la voir." Sur Twitter, Eric Chapelle, médiateur en astronomie, conseille de placer sa "paire de jumelles sur Alkaïd (l'étoile à l'extrémité du manche de la Grande Casserole)", puis de déplacer ses jumelles et trouver "rapidement 3 étoiles". "Suivez un des côtés du triangle, vous devriez croiser la comète", ajoute-t-il.
Pour en profiter au maximum, les spécialistes incitent vivement à s'éloigner des villes et privilégier les zones dénuées de pollution lumineuse. Il faudra aussi attendre que la Lune soit couchée, soit au milieu de la nuit, pour mieux observer la comète, comme le précise la revue Ciel et Espace. A condition évidemment que le ciel nocturne soit dégagé. Le magazine a également recensé quelque 150 lieux pour obtenir les meilleures conditions d'observation. La comète atteindra l'apogée de sa brillance "quand elle sera au plus près de la Terre", explique Thomas Prince, professeur de physique à l'Institut de technologie de Californie, qui travaille pour ZTF. Cela devrait intervenir le 1er février.
Pourra-t-on la revoir un jour ?
Ce passage à environ 42 millions de kilomètres de notre planète pourrait bien être le dernier. La comète ne devrait pas revenir de sitôt et finira probablement par être "définitivement éjectée du système solaire", selon Nicolas Biver. Son ultime visite sera l'occasion pour les scientifiques de comprendre un peu plus la composition des comètes, notamment grâce aux observations du télescope spatial James Webb.
"On va l'observer sous toutes ses coutures. Ça n'est pas la comète du siècle, mais on est content de pouvoir observer des comètes comme celles-ci tous les un ou deux ans, parce qu'on les considère comme des vestiges de la formation du système solaire", explique l'astrophysicien de l'Observatoire de Paris-PSL. "Les matériaux qui sont à sa surface sont un peu restés 'au congélateur' pendant des milliards d'années. Du coup, elle intéresse beaucoup d'astronomes", abonde Jean-Luc Dauvergne. Ce "visiteur rare" apportera "des informations sur les 'habitants' de notre système solaire bien au-delà des planètes les plus éloignées", ajoute Thomas Prince.
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