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L'Agence spatiale européenne recrute : tout ce qu'il faut savoir pour devenir astronaute

L'Agence spatiale européenne présente sa nouvelle campagne de recrutement. Lors de la précédente, en 2008, seuls 6 candidats sur 8 413 avaient été retenus.

Article rédigé par franceinfo
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Le Français Thomas Pesquet dans un centre d'entraînement de la Nasa, l'Agence spatiale américaine, à Houston (Texas, Etats-Unis), le 27 juillet 2020. (BILL STAFFORD / NASA / AFP)

Quel célèbre personnage est connu pour sa réplique "Vers l'infini et au-delà" ?Connaître la réponse à cette question ne fait pas de vous un futur Buzz l'éclair, et encore moins un spationaute. Loin de là. Mais vous pourriez être intéressé par la campagne de recrutement que l'Agence spatiale européenne (ESA) présente mardi 16 février. Celle-ci doit commencer à partir du 31 mars.

Franceinfo détaille les démarches à suivre pour soumettre sa candidature et les conditions requises par l'ESA pour pouvoir se rendre dans l'espace.

Il vous faudra passer de nombreuses étapes de sélection

Avant tout, il existe une fenêtre de tir pour envoyer son CV. L'Agence spatiale européenne indique que "l'appel à candidature sera ouvert du 31 mars au 28 mai 2021" et qu'elle "ne prendra en considération que les candidatures soumises sur le site de l'ESA Career" (en anglais).

A l'issue de la phase de candidatures en ligne, "le processus de sélection en six étapes commencera ensuite et devrait s'achever en octobre 2022". Cette sélection s'annonce extrêmement drastique. Lors de la dernière campagne de recrutement, seuls 6 candidats sur 8 413 ont été retenus, soit 0,071% des postulants.

La première étape de la sélection se présente sous la forme d'un questionnaire d'une dizaine de pages. "On cherche à identifier la personnalité du candidat, son caractère, ses motivations, savoir ce qui la rend apte et 'câblé' pour ce boulot", a expliqué à 20 Minutes l'ancien spationaute Jean-François Clervoy. Le tri effectué s'avère radical : seuls 10% des candidats passeront à la phase suivante, anticipe le quotidien.

La deuxième étape doit évaluer "les aspects psychologique, psychotechnique et psychomoteur des candidats avec des tests de personnalité, de mémoire, de logique, de raisonnement ou de motricité", toujours selon 20 Minutes. Les tests psychotechniques sont "des suites de chiffres sans fin qu'on entend dans un casque. La voix énumère des chiffres et va s'arrêter et il va falloir entrer sur son clavier tous les chiffres dont on se rappelle de la fin en remontant vers le début", avait raconté Thomas Pesquet à France Inter en 2016.

La troisième phase se déroule "devant un jury composé de psychologues, d'un responsable des ressources humaines de l'ESA et d'un astronaute". "C'est un travail en groupe de six avec un problème complexe à résoudre dans un temps limité pour rajouter un facteur de stress. Ce qui est important, ce n'est pas de réussir, mais de travailler en groupe", avait relaté Thomas Pesquet. "Ça a l'air simple comme ça, mais on voit vraiment des gens qui tirent la couverture à eux, d'autres qui stressent beaucoup. Le panel qui nous observe est là pour détecter ces comportements-là."

Lors de la quatrième étape, les rares candidats toujours en lice "passent des examens médicaux poussés pour vérifier leur vue, leur ouïe, la composition de leur sang, leurs intestins, leur fonctionnement cardiaque", explique encore le journal. En clair : une excellente condition physique est indispensable. Le quotidien note que les cinquièmes et les sixièmes étapes "sont des entretiens professionnels devant un jury, composé d'au moins un membre de la direction de l'ESA".

Il vaut mieux être polyglotte et en bonne condition physique

En se fondant sur la précédente campagne de recrutement de l'ESA, le site Business Insider a listé les principaux éléments recherchés : un candidat doit avoir entre 27 ans et 37 ans et il a plus de chances d'être retenu s'il justifie d'"un bagage universitaire musclé" (au moins de niveau bac+5) et "une expérience professionnelle dans les domaines scientifiques (chimie, biologie, physique, mathématiques, médecine, ingénierie)".

Comme le suggèrent les étapes 2 et 3 évoquées plus haut, la psychologie des candidats est particulièrement surveillée. "Aujourd'hui, ce qui est demandé, c'est l'intelligence émotionnelle. C'est la capacité de vivre et travailler en équipage, d'accepter les autres, de s'épauler. On est sur des vols de longue durée, on passe du temps ensemble dans un petit espace", avait expliqué à 20 Minutes l'ancien astronaute Philippe Perrin.

Parler plusieurs langues est également nécessaire dans la mesure où les équipes sont internationales et où les séjours dans l'espace peuvent se faire avec des personnes du monde entier. Ainsi, Thomas Pesquet parle six langues : le français, l'anglais, l'allemand, l'espagnol, le russe et le chinois. Une expérience de pilote est un plus indéniable. Thomas Pesquet, pour reprendre son exemple, est ingénieur de formation et a été pilote de ligne.

L'ESA veut "renforcer la diversité" dans ses rangs

L'ESA cherche des membres pour étoffer et renouveler son Corps européen des astronautes, actuellement constitué de sept personnes : le Français Thomas Pesquet, les Allemands Alexander Gerst et Matthias Maurer, les Italiens Samantha Cristoforetti et Luca Parmitano, le Danois Andreas Mogensen et le Britannique Timothy Peake. L'Allemand Matthias Maurer, le plus âgé de l'équipe, aura 51 ans en mars. L'ESA affirme, dans un communiqué, qu'elle souhaite "initier un véritable changement générationnel".

De plus, si toutes les candidatures sont bienvenues, "l'ESA encourage vivement les femmes à postuler, car l'agence cherche à renforcer la diversité des genres dans ses rangs". En effet, l'actuel Corps européen des astronautes ne compte qu'une femme pour six hommes.

L'Agence spatiale européenne ne compte pas s'attaquer qu'à la diversité femmes-hommes. "Représenter toutes les parties de notre société est une préoccupation que nous prenons très au sérieux", assure déclare David Parker, directeur de l'exploration humaine et robotique à l'ESA.

"La diversité au sein de l'ESA ne doit pas seulement tenir compte de l'origine, de l'âge, des antécédents ou du sexe de nos astronautes, mais peut-être aussi des handicaps physiques."

David Parker

dans un communiqué

"Pour faire de ce rêve une réalité, parallèlement au recrutement des astronautes, je lance le projet de faisabilité des parastronautes – une innovation dont l'heure est venue", poursuit David Parker.

L'Agence spatiale européenne recherche également des VRP, des ambassadeurs.  Thomas Pesquet a été choisi parce qu'il sait "vendre l'aventure spatiale européenne", avait estimé sur RTL Jean-François Clervoy, qui faisait partie du jury de sélection. "Il faut faire preuve d'une très grande pédagogie, (…) être un bon communicant et Thomas Pesquet est très bon." Alors, prêt pour l'embarquement ?

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