Premier vol spatial sans aucun astronaute professionnel : une "vraie rupture", pour le PDG du CNES
Que pense le président du Centre national d'études spatiales des vols spatiaux touristiques ? La priorité, pour lui, reste de "faire des vols habités avec des objectifs scientifiques extrêmement affirmés".
Le premier vol spatial sans aucun astronaute professionnel est "une vraie rupture", a estimé Philippe Baptiste, le président directeur général du Centre national d'études spatiales (CNES), jeudi 16 septembre sur franceinfo. Quatre touristes spatiaux américains ont débuté un voyage en apesanteur dans un vaisseau de l'entreprise SpaceX, mercredi. Ils doivent passer trois jours en orbite autour de la Terre.
franceinfo : Que vous inspire ce vol ?
Philippe Baptiste : Le premier vol touristique date des années 2000, avec les Russes. Mais la grande différence là, c'est que l'équipage est composé exclusivement de non-professionnels de l'espace. C'est une vraie rupture, parce que ça veut dire que nous avons atteint une maturité technologique extrêmement forte dans le vol spatial, marqué notamment par une autonomie totale de la capsule.
S'agit-il d'une mission risquée ?
C'est le quatrième vol avec des hommes à bord sur Space X, mais il y a toujours une part de risque. L'histoire du spatial montre que l'espace est un milieu extraordinairement hostile. Il y a eu des incidents et des accidents.
Que vont faire ces touristes, pendant leur séjour de trois jours dans l'espace ?
Je crois qu'un petit programme est prévu. Sans le dévaloriser, il est relativement modeste par rapport à ce qu'on fait, par exemple, sur la station spatiale internationale ou par rapport à l'impact scientifique que peuvent avoir des grandes missions interplanétaires.
Aller dans l'espace coûte cher, en termes de ressources. Ne peut-on pas mieux les utiliser ?
Je pense qu'effectivement, il y a une vraie question à se poser sur ce premier vol avec 100 % de non-professionnels et les nombreux autres qui, probablement, le suivront. Pourquoi va-t-on dans l'espace ? Est-ce que oui ou non, on organise un tourisme spatial ? Autre question : comment est-ce qu'on le régule, en Europe, aujourd'hui ? Notre position sur le sujet est très prudente. Notre priorité, avant tout, c'est de faire des vols habités avec des objectifs scientifiques extrêmement affirmés.
L'Europe passe-t-elle à côté du tourisme spatial ?
Regarder l'histoire du spatial, s'intéresser à la concurrence entre les différents continents est passionnant. Il y a des moments où l'Europe a eu un leadership absolument incroyable. Il ne faut pas oublier que c'est l'Europe qui a commercialisé le premier lanceur [de satellites]. L'histoire commerciale du spatial commence vraiment en Europe, avec les succès d'Ariane. Aujourd'hui, effectivement, on est un peu en position de challenger avec SpaceX, qui est un grand succès technologique. Je voudrais aussi rappeler que ce programme bénéficie d'un soutien [financier] du gouvernement américain absolument incroyable. Nous [les Européens], demain, on va faire un nouveau lanceur, Ariane 6, qui va arriver bientôt, qui va nous permettre d'abaisser nos coûts, d'être vraiment pleinement compétitifs et de prendre notre part du lion sur le marché.
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