Voyages en orbite : "L'idée n'est pas absurde, mais elle est compliquée"
Alors qu'Elon Musk a dévoilé son nouveau projet, le rédacteur en chef de la revue Ciel et Espace, Philippe Henarejos, rappelle qu'il "faut toujours des rêves ambitieux pour arriver à quelque chose dans l'espace".
Alors que le milliardaire Elon Musk a dévoilé, vendredi 29 septembre, son nouveau projet, qui consiste à faire voyager d'un point à l'autre de la Terre en moins d'une heure, voire à faire Paris - New York en trente minutes, Philippe Henarejos, rédacteur en chef de la revue Ciel et Espace, juge que cette idée, même si elle n'est pas "absurde", semble compliquée à mettre en application.
franceinfo : Ce projet vous semble-t-il sérieux ?
Philippe Henarejos : Non, pas trop. Cette idée de pouvoir relier un point de la Terre à un autre, assez éloigné, en mettons 45 minutes, en passant par un bout d'orbite, puisque quand on est en orbite, on va à 28 000 km/h - c'est pour ça que l'on mettrait aussi peu de temps - n'est pas nouvelle. Elle est très ancienne et n'a jamais eu un début de réalisation, parce que c'est extrêmement compliqué. Pour ça, il faut aller dans l'espace et ce n'est pas un détail. Le fait d'annoncer ça pour dans les cinq ans…il y aura beaucoup de développement à faire. L'idée n'est pas neuve, elle n'est pas absurde, mais elle est compliquée. Cela veut dire qu'il faut mettre des milliards sur la table. Ce que, pour l'instant, Elon Musk ne peut pas faire, puisqu'il a fait une annonce à peu près similaire pour Mars, il y a pratiquement un an, jour pour jour : il disait qu'il fallait dix milliards pour développer, et aujourd'hui, il se rend compte que c'est quand même cher, sa traîne un peu. Il réduit la voilure. Le vaisseau qu'il propose pour faire des liaisons d'un continent à un autre est un modèle réduit du vaisseau qu'il proposait il y a un an pour aller sur mars.
L'idée n'est effectivement pas neuve : elle est partie de ce projet de fusée Falcon 9 qu'Elon Musk a lancé il y a quelques années, où en est-on ?
Ça n'est plus un projet, c'est une fusée qui fonctionne et lance des satellites. Ses ingénieurs ont fait un développement énorme qui consiste à récupérer la majeure partie de la fusée, puisque le premier étage, qui est le plus lourd, revient se poser, soit à l'endroit du départ, soit sur une barge en mer, et ça, ça marche. C'était compliqué à faire et il a réussi. Il a des succès, ce n'est pas complètement farfelu, ce sont des pistes intéressantes, c'est en cela qu'Elon Musk fait rêver le monde du spatial, mais les obstacles sont vraiment énormes.
C'est un milieu qui a besoin de ces rêveurs…
Il faut toujours des rêves ambitieux pour arriver à quelque chose dans l'espace, c'est compliqué. Mais, là, ce qu'il se propose de faire, c'est d'avoir un lanceur qui soit plus puissant que la plus puissante fusée jamais réalisée qui est, à ce jour, la Saturn V, qui a envoyé les équipages des missions Apollo vers la lune. C'est de cet acabit là, et plus personne n'a refait ça depuis les années 1960, avec un effort de guerre du plus puissant Etat qui soient qui étaient les Etats-Unis, à l'époque. Donc, même si Elon Musk est milliardaire, il cherche un peu à avoir du financement pour ça.
C'est une manière pour lui de lancer un appel, non ?
C'est un appel et peut-être que cet appel est plutôt à destination de la Nasa, qui est quand même, pour l'instant, son principal client. Parce que la Nasa vient de changer d'administrateur, nommé par la Maison Blanche, et cet administrateur a comme ligne directrice de vouloir renvoyer des hommes sur la lune. Elon Musk nous propose, depuis un an, d'aller coloniser Mars, et là, il propose non seulement des voyages d'un point à l'autre de la Terre, mais aussi d'aller sur la lune.
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