Des magistrats dérapent sur Twitter pendant un procès
"Question de
jurisprudence : un assesseur exaspéré qui étrangle sa présidente en pleine
audience, ça vaut combien ? " Ce tweet aurait pu passer inaperçu, s'il n'avait été envoyé par un véritable assesseur, en plein
milieu d'une séance des assises des Landes.
Les deux protagonistes de
l'histoire s'appellent (sur Twitter) @Proc_Gascogne et @Bip_Ed. Deux magistrats qui
participent au procès d'une tentative de meurtre. Le premier, qui n'est autre que le vice-procureur de la
République de Mont-de-Marsan, selon les informations du journal Sud Ouest, joue
le rôle d'avocat général. Le second est assesseur.
"On a le droit
de gifler un témoin ? "
Pendant les audiences, les
deux utilisateurs du réseau social se lancent dans un échange de tweets,
tournant en dérision le déroulement du procès.
@Proc_Gascogne : "On
a le droit de gifler un témoin ? #jplq" [pour "je pose la
question", ndlr] @Proc_Gascogne : "Bon,
ça y est, j'ai fait pleurer le témoin... #Oranginarouge" @Bip_Ed : "Question
de jurisprudence : un assesseur exaspéré qui étrangle sa présidente en pleine
audience d'assises, ça vaut combien ?"
Et la conversation s'engage
entre les deux magistrats. Aucun des deux comptes n'étant protégé, elle est
entièrement publique, tout utilisateur du réseau a pu la lire :
Outre le goût douteux,
relevé par d'autres utilisateurs du site, de cet humour de juristes, le
quotidien Sud Ouest met en relief le fait que les deux hommes ont brisé le
principe de séparation des magistrats du siège (le président de la cour et ses
assesseurs) et du parquet (l'avocat général).
Une enquête pourrait
être diligentée
Le président et le
procureur du tribunal de Mont-de-Marsan ont discuté avec les deux magistrats
concernés. L'affaire a été transmise à la Cour d'appel de Pau, dont le premier
président et le procureur général devaient entendre les explications des
intéressés. Selon une source judiciaire, les chefs de juridiction vérifieront
d'abord "ce qui est vrai " dans les rapports de presse, et notamment
le fait que ces échanges aient bien eu lieu pendant les audiences. Ils "en
tireront les conséquences " par la suite. Une enquête de l'inspection
générale des services judiciaires pourra être demandée.
En attendant, les deux comptes Twitter ont été suspendus.
Les magistrats concernés n'ont pas souhaité commenter.
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