Les retransmissions de meetings attirent les foules sur Internet
"Tout le monde n'avait pas prévu d'en faire autant, mais tout le monde avait prévu d'en faire ". Preuve de leur succès, les retransmissions de meetings en direct figurent en tête de tous les sites de candidats à la présidentielle, soir après soir. "On a vu une montée en puissance ", note Antoine Nazaret, chargé des contenus et partenariats news de Dailymotion. L'hébergeur de vidéos a connu deux journées particulièrement chargées, samedi et dimanche.
Jean-Luc Mélenchon, Nicolas Sarkozy et François Hollande ont réalisé le week-end dernier des scores à six chiffres : 126.000 connexions pour le meeting du Prado, 117.000 pour celui de la Concorde, 167.800 pour celui de Vincennes. A chaque fois, c'est davantage que le nombre de spectateurs présents sur place. Comme pour l'audience d'une émission de télévision, ce chiffre ne veut pas dire que tous ont regardé du début à la fin, mais qu'ils ont suivi au moins une partie du meeting.
La multiplication des spectateurs
Le schéma est maintenant classique. "Les partis ont remarqué qu'à tous les coups il y a plus de monde devant le live que dans la salle ", souligne Antoine Nazaret. Seule la proportiona change, en bonne partie en fonction de la dynamique du candidat. Jean-Luc Mélenchon a rassemblé jusqu'à cinq fois plus de spectateurs grâce aux directs vidéo.
Pour multiplier leur audience, les partis doivent filmer leurs meetings et transmettre le flux à Dailymotion. La plateforme le reprend ensuite gratuitement sur ses propres serveurs, à même de supporter des dizaines de milliers de connexions simultanées. Une charge importante (les vidéos politiques ne sont pas précédées de publicité), mais aussi une source de trafic intéressante pour l'entreprise.
En ligne et en vrai, des publics différents
Les grands gagnants de cette nouveauté sont sans doute les partis. Ce canal supplémentaire leur permet de toucher un nouveau public, suffisamment intéressé pour suivre les meetings mais pas convaincu au point de s'y rendre. Un public sensible aux arguments : "On ne s'arrête pas à la petite phrase ", souligne Paula Cossart, sociologue à l'université Lille 3, auteur de Le meeting politique (PUR, 2010).
Pas question d'applaudir devant son écran. L'expression est bien plus riche, observe Paula Cossart. Les spectateurs à distance des meetings peuvent échanger leurs impressions sur les réseaux sociaux, comme ils le feraient, dans une salle, avec leurs voisins. Mais à une autre échelle : les voisins sont désormais des milliers, tous les soirs.
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