Les dépassements d'honoraires ont atteint 7 milliards en 2012
" Cela fait trop longtemps
qu'on nous dit qu'on s'en occupe. Mais chat échaudé craint l'eau froide " ,
lance Thomas Laurenceau pour justifier la création de cet "observatoire
citoyen des restes à charge en santé". Le rédacteur en chef de 60
millions de consommateurs s'est associé au Collectif interassociatif sur la
santé (CISS) et à Santéclair, une société spécialiste du risque santé.
Les dépassements d'honoraires ont fait l'objet d'un accord
"historique", selon François Hollande, obtenu de haute lutte en
octobre dernier à l'issue de négociations entre l'assurance maladie, les
syndicats de médecins libéraux et les complémentaires santé. Cet accord
prévoyait la création d'un observatoire de contrôle des dépassements... qui n'a
toujours pas vu le jour.
Sept milliards de dépassements d'honoraires en 2012
En 2012, les Français ont versé 40
milliards d'euros aux professionnels de santé libéraux (médecins, dentistes,
infirmiers, kinés etc.), dont 13 milliards n'ont pas été remboursés par la
sécurité sociale. Sur ces 13 milliards restés à la charge des patients et de
leurs mutuelles — pour ceux qui en ont une, plus de la moitié est imputable
directement aux dépassements d'honoraires (7 milliards).
La part des dépassements médicaux dans le reste à charge des patients a
représenté environ la moitié des honoraires versés : 43,9 % à l'ensemble
des médecins et même 57,6 % aux spécialistes, dont les dépassements ont
augmenté de 9 % en deux ans (2,3 milliards d'euros en 2012).
"Le problème est qu'on a
laissé glisser ces dépassements d'honoraires qui, maintenant, sont devenus la
règle" (Thomas Laurenceau, 60 millions de consommateurs)
Si certaines régions, comme la
Bretagne, ont assez peu la culture des dépassements d'honoraires, à Paris, Lyon
ou encore dans les Alpes-Maritimes, il y a "un certain nombre de
spécialités où le nombre de médecins pratiquant des dépassements d'honoraires est
plus élevé que ceux qui n'en pratiquent pas : c'est le cas en chirurgie,
ophtalmologie, gynécologie, ORL", dénonce Thomas Laurenceau.
Pour justifier les dépassements, parfois importants, les médecins avancent les
loyers élevés de leurs cabinets, ou les revalorisations insuffisantes par la
sécurité sociale de certains actes. "Et c'est en partie vrai",
concède Thomas Laurenceau. "Le problème est qu'on a laissé glisser ces
dépassements d'honoraires qui, maintenant, sont devenus la règle",
s'insurge le journaliste.
Après s'être concentré, dans un
premier temps, sur les dépassements des médecins, l'observatoire citoyen s'attèlera
à ceux des chirurgiens-dentistes, qui représentent à eux seuls près de 83 %
du reste à charge des patients.
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