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MSF "contrainte" de quitter la Somalie

Après plus de 20 ans passés sur le terrain, Médecins sans Frontières a décidé de quitter la Somalie. Le pays, ravagé par une guerre civile qui dure depuis 22 ans, souffre cruellement de l'absence de services publics de santé. Mais l'ONG invoque de graves problèmes de sécurité, rendant impossible sa mission d'aide aux populations. 
Article rédigé par Typhaine Morin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Thomas Mukoya Reuters)

Médecins sans frontières était une des rares ONG internationales encore présente en Somalie. Mais aujourd'hui, après 22 ans sur le terrain, les risques encourus par ses travailleurs humanitaires sont trop importants. MSF a donc décidé de fermer "toutes ses activités humanitaires en Somalie ", a annoncé le président de MSF-International, Unni Karunakara. 

L'ONG souligne un "déséquilibre insoutenable entre les risques auxquels nos équipes sont confrontées, les compromis que nous devons faire et notre capacité à fournir une assistance aux victimes somaliennes ".

En octobre 2011, deux employées espagnoles avaient été enlevées dans le camp réfugiés somaliens de Dadaab, dans le nord-est du Kenya, avant d'être détenues pendant 21 mois en Somalie. Deux mois plus tard, en décembre 2011, deux membres de MSF avaient été assassinés à Mogadiscio. D'ailleurs, "la Somalie est le seul pays au monde où MSF utilisait des escortes armées pour se déplacer ", rappelle Salha Issoufou, chef de mission en Somalie depuis 2011. Depuis 1997, 16 travailleurs humanitaires de l'ONG ont été tués. 

Chefs de clans et pirates

 Depuis 1991 et la chute du président Siad Barre, la Somalie est en état de guerre civile permanente et il n'y a pas de réelle autorité centrale. Des chefs de guerre, de clans, des groupes criminels, des pirates ou des insurgés islamistes se battent pour contrôler des portions de territoire. Ces combats ont fait des millions de réfugiés. Et les famines sont récurrentes dans le pays. 

Le président de MSF-International a dénoncé, sans les citer, la complaisance de certaines autorités locales avec les bandits. "Notre sécurité ne dépend pas du gouvernement [somalien], nous dépendons d'accès négociés, d'assurances sur notre sécurité obtenues via la médiation de communautés [...] donc si des chefs, des parties [au conflit] et des groupes armés ne reconnaissent pas la valeur de l'action humanitaire et n'agissent pas pour garantir que nos équipes puissent fournir de l'aide en toute sécurité [...] il nous est très difficile d'avoir accès aux gens qui ont besoin de soins ", a expliqué M. Karunakara. 

Aucun service public de santé

Alors que la Somalie n'assure aucun service public de santé, et qu'il n'y a "aucun hôpital de l'Etat capable d'assister la population ", a indiqué le chef de mission local, MSF a évacué ces dernières semaines ses employés étrangers. En 2012, l'ONG a hospitalisé 41.000 patients, vacciné 60.000 personnes, soigné 30.000 enfants malnutris et aidé à mettre au monde 7.000 nourrisons. 

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