Psychodrame sur la participation des Verts au gouvernement
Le sénateur d'Europe Ecologie-Les Verts a vivement critiqué le gouvernement, ce matin sur Radio Classique.
POLITIQUE – "Nous nous posons la question de savoir ce que nous faisons au sein du gouvernement." Jean-Vincent Placé, le président du groupe Europe Ecologie-Les Verts (EELV) au Sénat, a fortement critiqué le gouvernement, vendredi 9 novembre, mettant en cause la présence des Verts au sein de l'exécutif. Pour rappel, EELV compte deux ministres : Cécile Duflot, ministre du Logement, et Pascal Canfin, ministre délégué au Développement.
Dans une interview à Marianne publiée – par coïncidence – le même jour, François Hollande juge "possible" le départ des Verts de l'exécutif, mais affirme qu'il "ne le souhaite pas". Retour sur ce psychodrame en cinq actes.
Acte 1 : Placé lance le débat
"Depuis le virage post-rapport Gallois et les annonces très en faveur des entreprises sans contreparties et sans conversion écologique, je suis moi-même de plus en plus perplexe quant à cette participation gouvernementale, a déclaré Jean-Vincent Placé sur Radio Classique, vendredi matin. Heureusement que nos ministres sont bons et qu'ils font le boulot. Parce qu'il est vrai que la tournure et le virage, quelque part sinon idéologique, du moins d'une politique économique, fait depuis trois jours, nous laissent très perplexes."
En milieu de matinée, Noël Mamère, député EELV de la Gironde, a abondé dans son sens, déclarant sur BFMTV qu'il s'était "posé la question la semaine dernière".
Place d'EELV au gouvernement : Noël Mamère s'est "posé la question la semaine dernière", a-t-il déclaré sur BFMTV. #Mamère#Placé #EELV
— BFMTV (@BFMTV) November 9, 2012
Acte 2 : le PS le recadre
La réponse des socialistes ne s'est pas fait attendre. David Assouline, porte-parole du PS, a laissé entendre sur LCI que Jean-Vincent Placé s'interrogeait parce qu'il n'était pas ministre. "Il dit qu'il se pose des questions, a commenté le sénateur socialiste. Je pense que les ministres écologistes n'ont pas l'air de se poser des questions. Ils ont l'air épanoui, ils sont utiles. (...) Peut-être que Jean-Vincent Placé se poserait d'autant moins la question s'il était ministre lui-même."
Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, lui a emboîté le pas peu après. "Je crois qu'il n'y a que lui qui s'interroge", a commenté le ministre de l'Intérieur sur France Info. Manuel Valls constate "avec beaucoup de plaisir tous les mercredis la présence, l'implication de Cécile Duflot et de Pascal Canfin parmi nous dans le cadre du Conseil des ministres. (...) Les Verts sont solidaires de la majorité, ils ont voté la loi de finances 2013, je crois qu'ils ont toute leur place au sein du gouvernement."
Pour Harlem Désir, le premier secrétaire du PS, la "remarque" du patron des sénateurs est à la fois "personnelle" et "décalée".
Acte 3 : l'UMP en profite
Invitée sur France 2, vendredi matin, l'ancienne ministre UMP Valérie Pécresse a déclaré voir dans les interrogations du sénateur écologiste la preuve que la majorité continuait de "se fissurer". "Il y a une grande fragilité de la majorité hétéroclite que François Hollande a soudée uniquement sur l'antisarkozysme". Selon l'ex-ministre du Budget, "ils ne pensent rien de commun sur rien".
Acte 4 : la déclaration de Hollande qui tombe à pic
La même matinée, des propos tenus par François Hollande dans Marianne ont été retranscris par l'AFP. Dans l'édition du samedi 10 novembre, le président dit qu'il juge "possible" un départ des écologistes du gouvernement mais qu'il "ne le souhaite pas". Anticipant sur les interrogations de Jean-Vincent Placé, il déclare : "C'est possible. Je ne le souhaite pas. (...) Enfin nous verrons bien... Dans tous les cas, pas de panique !"
Acte 5 : EELV lâche Placé, qui nuance sur ses propos
Jean-Philippe Magnen, porte-parole d'EELV, a réagi officiellement aux propos de Jean-Vincent Placé en fin de matinée. Il a souligné que le chef du groupe des sénateurs écologistes s'était exprimé en son nom "personnel" et que ses propos n'engagaient "que lui".
Contacté ensuite par l'AFP, Jean-Vincent Placé est revenu sur ses dires. "Ce n'est pas une mise au point, a-t-il assuré. C'est la position du parti. Bien sûr que nous sommes inscrits dans la durée. Je n'ai jamais indiqué que nous sortirions demain du gouvernement." Pour lui, "c'est clair que la politique menée s'éloigne des fondamentaux d'une part, de ce que l'on disait pendant la campagne et, d'autre part, des propositions des écologistes".
Juste après, le sénateur a estimé sur Europe 1 que la "goutte d'eau" était le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes, défendu par le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault. "Moi je ne pose pas la question de sortir du gouvernement. Moi, je dis : 'A quoi nous servons ?' Je pose cette question-là", a-t-il conclu. Ensuite invité de RTL, il a à nouveau nuancé ses propos. "Comme en amour, il faut qu'il y ait des preuves dans des accords politiques. Je pose des questions simples et il n'y a pas de retour." Il a également demandé au gouvernement des preuves de sa bonne volonté en matière d'écologie.
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