60 ans d'ATD Quart Monde : "Ce n'est pas admissible qu'il y ait autant de personnes en situation de pauvreté dans notre pays"
Pour ses 60 ans d'action contre la misère, ATD Quart Monde anime un "village des initiatives pour une société autrement" place de la République à Paris. Claire Hédon, présidente du mouvement, lance un appel à la mobilisation contre la pauvreté.
A l'occasion de ses 60 ans d'existence, le mouvement ATD Quart Monde anime un "village des initiatives pour une société autrement", place de la République, à Paris ce week-end. En France, neuf millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté avec moins de 1 000 euros par mois. Une situation inadmissible, selon Claire Hédon, présidente du mouvement, samedi 14 octobre sur franceinfo.
franceinfo : La société est-elle responsable de la misère que nous connaissons aujourd'hui ?
Claire Hédon : Je pense que oui. On a tendance à penser que ce sont les personnes en situation de précarité qui sont responsables de leur situation et qui ne font pas grand-chose pour s'en sortir alors c'est exactement l'inverse. Ce n'est pas admissible qu'il y ait autant de personnes en situation de pauvreté dans notre pays. Il y a 2 300 000 personnes qui vivent avec moins de 670 euros par mois. Comment vivre dignement avec ça ? Comment réussir à élever des enfants ? C'est vraiment important que la société se mobilise et pas que les politiques. Dans notre village des initiatives pour une société autrement, on montre qu'on peut lutter efficacement contre la pauvreté dans des domaines très précis comme le logement, le travail, la santé, l'accès à une éducation de qualité ou la culture. Et si on agit sur tous ces domaines en même temps, on pourra agir efficacement contre la pauvreté.
Avez-vous l'impression d'être écoutés par le gouvernement qui a annoncé la baisse des APL ou la baisse des contrats aidés ?
Ce sont des mauvais signaux qui nous ont inquiétés même si on ne défend pas les APL en tant que tels. Envoyer le message qu'on peut supprimer 5 euros aux personnes en situation de précarité sans que ça ait un impact grave sur leur vie est une erreur. Nous pensons qu'il faut réfléchir sur la question du logement. Nous sommes avec des familles qui sont dans une telle situation de précarité qu'elles n'ont pas accès au logement social parce qu'elles sont trop pauvres. Ce n'est pas admissible. Il faudrait fixer le montant du loyer dans le logement social en fonction des revenus de la personne. Par ailleurs, comment diminuer autant de contrats aidés sans rien proposer en face ? Le contrat aidé n'est pas la panacée, ce sont des CDD. Nous pensons que pour se reconstruire dans la vie il faut un CDI. Mais supprimer ces contrats aidés, sans rien proposer en face c'est assez scandaleux.
Travaillez-vous avec le gouvernement ?
Oui, on travaille avec le gouvernement. Le 17 octobre, il devrait lancer une concertation en vue d'une stratégie de lutte contre la pauvreté. On a des échanges. Mais pour que cette stratégie fonctionne, il va falloir des moyens financiers. Et à ce niveau là, on est un peu inquiets. Il faut investir dans la lutte contre la pauvreté pendant 15 ou 20 ans et on en aura des bénéfices. Nous défendons l'intelligence des personnes en situation de précarité. Elles sont les premières à savoir ce qu'il leur faut pour s'en sortir et ce qu'il faudrait comme lois.
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