Antisémitisme dans les cortèges anti-pass sanitaire : le Crif évoque son "profond dégoût face à ce complotisme imbécile"
"L'antisémitisme de certains est capable de s'infiltrer partout, y compris sur des sujets qui n'ont rien à voir avec les juifs", a regretté le vice-président du Conseil représentatif des institutions juives de France.
"On peut être contre le vaccin, on peut être anti-pass sanitaire, mais on n'a pas le droit d'être antisémite dans notre pays, c'est un délit, pas une opinion", a martelé Gérard Unger, vice-président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), dimanche 15 août sur franceinfo. Le préfet de police de Paris a signalé auprès du procureur de la République de Paris la présence de pancartes jugées antisémites dans l'un des cortèges contre la mise en place du pass sanitaire, samedi à Paris. Dans la même journée, une stèle érigée en l'honneur de Simone Veil a été une nouvelle fois dégradée à Perros-Guirec, dans les Côtes-d'Armor.
franceinfo : Que vous inspire ce climat, ces pancartes à connotation antisémite dans les cortèges contre le pass sanitaire ?
Gérard Unger : Il m'inspire le plus profond dégoût de voir resurgir ce complotisme imbécile, qui consiste à mettre l'étoile jaune anti-vaccin au même niveau que le marquage de victimes prévues sous la Shoah. L'étoile jaune était un signe de mort, le vaccin est un signe de vie, donc on peut être contre le vaccin, on peut être anti-pass sanitaire mais on n'a pas le droit d'être antisémite dans notre pays. C'est un délit, pas une opinion. C'est quelque chose de parfaitement condamnable, de même que la souillure de la stèle de Simone Veil à Perros-Guirec par un ou plusieurs individus, qui manifestent leur haine de manière parfaitement imbécile.
Comment expliquez-vous que ce soit la figure de Simone Veil qui soit régulièrement attaquée ?
Elle représente plusieurs choses : la Shoah et la survie après le massacre, un combat féministe grâce à l'IVG qu'elle a fait voter par le Parlement et elle représente aussi l'Europe, car elle a été présidente du Parlement européen. Tout ce qu'il faut pour déplaire à des nazillons qui détestent les juifs, les droits des femmes et l'Europe.
Est-ce que vous pensez que la crise sanitaire joue un rôle dans ces actes antisémites ?
C'était déjà présent chez les "gilets jaunes", même si cela ne veut pas dire que tous les "gilets jaunes" étaient antisémites, mais on trouvait de nombreuses pancartes antisémites et cela continue avec les manifestations anti-pass. L'antisémitisme de certains est capable de s'infiltrer partout, y compris sur des sujets qui n'ont rien à voir avec les juifs.
Le Crif a déjà déposé plainte contre cette enseignante qui portait une pancarte antisémite à Metz, y a-t-il eu d'autres plaintes ?
Non, mais quand on peut identifier les personnes, on le fait. Il s'agit d'être ferme. On ne peut pas admettre l'antisémitisme. On ne peut pas laisser passer ne serait-ce qu'une pancarte. On sait comment commence l'antisémitisme, par des plaisanteries, des préjugés, des stéréotypes, et on sait aussi comment il finit. On ne peut pas laisser passer. Cela fait partie de la liberté de chacun de pouvoir vivre sa religion comme il l'entend, cela fait partie de l'égalité entre tous les citoyens français et cela fait partie de la fraternité qui doit unir tous les Français. La laïcité est la quatrième partie de la devise républicaine, même si elle n'est pas inscrite sur les mairies, c'est le respect de toutes les croyances et de toutes les religions.
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