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Apostrophe interdite dans les prénoms : le parquet autorise finalement le prénom Derc'hen

Un couple s'était heurté au refus de l'état-civil de la mairie de Rennes. Les parents s'étaient résolus à inscrire leur enfant sous l'orthographe Derchen, sans apostrophe

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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La place de l'hôtel de Ville à Rennes (Ille-et-Vilaine), en août 2015. (THOMAS BREGARDIS / AFP)

Le parquet va demander une rectification à l'état-civil pour un enfant que ses parents souhaitaient prénommer Derc'hen, ce qui leur avait été refusé en raison de l'apostrophe y figurant, annonce vendredi 26 janvier la cour d'appel de Rennes.

"Des instructions destinées à autoriser l'utilisation de l'apostrophe dans le choix des prénoms vont être rapidement transmises à l'ensemble des procureurs de la République du ressort de la cour d'appel de Rennes" et, "à l'initiative du parquet", une rectification va être effectuée à l'état-civil afin que l'enfant puisse être enregistré sour le prénom de Derc'hen, retenu par les parents, indique le communiqué du parquet.

Ce refus de l'apostrophe avait été motivé par une circulaire de 2014. Celle-ci liste un certain nombre de signes, comme les accents, la cédille ou le tréma, pouvant être utilisés dans l'état-civil. "Il en résulte que la circulaire du 23 juillet 2014 ne statuant pas expressément sur l'utilisation de l'apostrophe et s'agissant en outre d'un signe orthographique d'utilisation courante, il peut être considéré que son emploi n'est pas formellement interdit", relève le parquet.

Le procureur général de Rennes, Jean-François Thony, avait annoncé mercredi qu'il allait "procéder, de manière précise et détaillée, à un nouvel examen de cette situation juridique, en lien avec l'administration centrale", à la suite du refus de la mairie de Rennes d'enregistrer en août dernier le prénom sous la forme retenue.

Une circulaire de 2014 pointée du doigt

Les parents s'étaient donc finalement résolus à inscrire leur enfant sous l'orthographe Derchen, sans apostrophe. Or, le c'h en breton a une prononciation proche de la jota espagnole, sans rapport avec la prononciation de son orthographe francisée. "Il fallait choisir sans attendre le prénom pour respecter les délais de déclaration de naissance. Le couteau sous la gorge, nous avions le choix entre changer de prénom (impensable pour nous) ou l'orthographier 'Derchen'", ont expliqué les parents.

Le prénom du petit garçon est orthographié "Derchen" dans le livret de famille. (DR)

En vertu de cette circulaire de 2014, certains autres signes, partie intégrante pour certains de la langue bretonne ou d'autres langues reconnues, ne sont plus autorisés au nom du respect de la langue française. Il s'agit notamment du tilde, très fréquent également en espagnol, par exemple.

La mairie de Rennes a annoncé mardi qu'elle allait demander la modification de la circulaire de 2014. Le conseil régional de Bretagne et une vingtaine de députés avaient déjà fait cette demande l'an dernier, en vain. Ce texte est vivement critiqué en Bretagne depuis l'interdiction du tilde dans le prénom Fañch par le tribunal de Quimper (Finistère) en septembre dernier. Un procès en appel doit avoir lieu à Rennes cette année. Cette circulaire a aussi empêché une habitante du pays basque, Alexandra Ibañez, 33 ans, de léguer le tilde de son nom de famille à son fils.

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