Conférence internationale sur les "robots-tueurs" : trois questions sur cette technologie et les enjeux éthiques
Le 22 décembre dernier, 152 pays votaitent en faveur d'une résolution de l'Assemblée générale des Nations unies sur les dangers des systèmes d'armes autonomes. La conférence sur ces "robots-tueurs", soutenue par l'ONU, qui se tient lundi 29 et mardi 30 avril à Vienne, en Autriche, vise à promouvoir l'idée d'un traité international limitant voire interdisant ces armes qui pourraient rendre les guerres encore plus inhumaines.
Pourquoi cette prise de conscience internationale ?
Parce que les "robots-tueurs" repoussent encore un peu plus les limites de la guerre. Ces armes, qui peuvent être des drones, des chars ou des robots-sentinelles ont la capacité une fois activés d'identifier des cibles et de déclencher la force sans intervention humaine.
Déléguer à une machine ou à un algorithme le droit de tuer une personne, ce serait une rupture pour l'humanité, on franchirait alors une limite éthique et morale. Le "robot-tueur" n'a en effet pas d'empathie, pas de conscience de la vie humaine, ce qui pose des problèmes juridiques : aucun algorithme n'est en capacité de respecter le droit international, qu'il s'agisse des principes de précaution, de proportionnalité ou de distinction entre les combattants et les civils.
En cas de crime de guerre par exemple, qui serait responsable ? L'opérateur qui a déclenché la machine, le fabriquant du "robot-tueur", ou encore le commandant des opérations ? Et puis, il y a des risques de piratage, de prolifération aussi car ce sont des armes qu'on peut assez facilement dupliquer.
Ces "robots-tueurs" sont-il déjà employés sur le champ de bataille ?
A priori pas encore, même s'il existe des systèmes de défense anti-aérienne qui fonctionnent de manière autonome dans une zone géographique déterminée, mais ils ne visent pas d'humains.
De plus en plus, les fabriquants d'armes augmentent le niveau d'autonomie de leurs équipements, notamment grâce à l'intelligence artificielle, pour identifier des cibles, par exemple. Mais il y a encore une possibilité d'intervention humaine dans le processus de frappe. Il faut savoir que des robots sentinelles ont déjà été mis en place par la Corée du Sud pour surveiller sa frontière avec la Corée du Nord.
Que peut-on attendre de la conférence de Vienne ?
L'idée est de mobiliser les États sur cette question des "robots-tueurs" pour démarrer des négociations sur un traité international, afin d'interdire certaines armes autonomes ou de les encadrer strictement.
Cette conférence de Vienne intervient après plusieurs autres conférences régionales. Il s'agit de rassembler des contributions des États qui seront ensuite envoyées au secrétaire général de l'ONU. Ce dernier qui doit présenter un rapport l'été prochain, qui pourrait éventuellement servir de base à un processus de négociation. Le temps presse parce que la technologie des "robots-tueurs" progresse chaque jour un peu plus.
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