Blessés par une roquette il y a huit ans, des militaires pas indemnisés
"Je ne vis plus comme quelqu’un de normal ". Le constat est simple pour Benoit Hotte, l’un des militaires grièvement blessé par une roquette, le 4 octobre 2007. Ce jour-là il passe dans son bureau du 18e régiment de transmission à Bretteville-sur-Odon, près de Caen (Calvados), pour chercher son courrier avant de partir en mission au Darfour. Une roquette décorant le bureau voisin tombe et explose : elle perfore deux planchers et le touche aux jambes. Benoit Hotte perd tout, sauf la vie. "J’étais très dynamique, très sportif. J’ai pris 40 kilos, je ne me reconnais plus dans la glace ".
Son avocate, Maître Nathalie Rivière, tire les mêmes conclusions : " C’était un homme athlétique, mince, musclé qui pratiquait beaucoup de sport intensif, qui partait régulièrement en mission à étranger dans le service de transmissions auquel il appartenait, et depuis c’est un homme handicapé qui pèse plus de 100 kg. "
"Dans n'importe quel secteur, l'indeminisation serait déjà intervenue "
Benoit Hotte perçoit 660 euros de pension d’invalidité. 8.000 euros lui ont été également versés pour le préjudice moral. Tout simplement insuffisant pour le militaire. "J’ai acquis une maison du fait que je suis handicapé. Maintenant je dois payer des surprimes d’assurance, je dois payer des surprimes si je veux faire un prêt. "
Un préjudice moral et physique sous-évalué pour son avocate. "Ça fait maintenant plus d’un an que nous attendons de la part du ministre de la Défense une proposition d’indemnisation correcte. On effectue des recours. Benoit Hotte a été moralement très atteint et il a sans doute le sentiment qu’on ne lui reconnaît pas cette souffrance en ignorant son préjudice et en refusant de l’indemniser alors que dans n’importe quel autre secteur l’indemnisation serait déjà intervenue" . Elle poursuit : "C’est ça qui est très choquant, c’est qu’on a l’impression qu’ils sont moins bien traités que les autres victimes d’accident."
Trois autres blessés
Benoit Hotte appartient toujours à l'armée. Il refuse de la mettre en cause mais il regrette presque ne pas avoir été blessé au champ d’honneur ou simplement dans la rue : l’indemnisation aurait été plus rapide. Son avocate conclut : "On a l’impression qu’il faut faire des économies et que ces personnes passeront plus tard ."
Trois autres militaires avaient été grièvement blessés, l'un est devenu sourd, un autre a perdu ses deux jambes... Tous attendent les indemnités que l'Etat tarde à verser. Parmi eux également, le propriétaire de la roquette qui a été condamné en appel à 8 mois de prison avec sursis et a été exclu de l'armée.
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