Capucine, 44 ans, bientôt expulsée : "L'aboutissement d'un engrenage"
Capucine a vendu certains de ses meubles. Elle ne veut pas qu'on l'interviewe chez elle. Rendez-vous dans un café. Elle a sous le bras un énorme dossier. Des centaines de papiers, preuve des démarchés accumulées depuis qu'elle a perdu son travail en 2011. Elle nous montre la convocation de la préfecture avant expulsion. Depuis qu'elle l'a reçue, il y a 8 jours, elle ne dort plus : "C'est une grande mise en danger, beaucoup de tristesse, l'aboutissement d'un engrenage".*
La quadragénaire est au RSA : 448 euros par mois. Elle ne retrouve pas de travail malgré ses 10 ans d'expérience. Elle pensait que son bac + 4 de juriste lui permettrait au moins d'entreprendre les recours pour trouver un toit. Grosse désillusion : "J'ai absolument tout tenté pour prévenir cette expulsion, pour payer mon propriétaire vis-à-vis de qui je suis dans l'embarras. J'ai frappé à toutes les portes, le service d'action sociale de ma ville, l'adjoint au maire chargé des logements sociaux, les bailleurs sociaux, le recours Dalo. Je me heurte à des murs où que je tape…"
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Capucine a cherché un logement moins cher mais sans CDI ni caution pas de bail. Pour les demandes d'HLM elle n'est pas prioritaire car elle n'a pas d'enfants et des impayés de loyers. En désespoir de cause, Capucine a écrit au chef de l'Etat et à la ministre du Logement. Pas de réponse. "Je sais qu'on est plusieurs maintenant à avoir dix ans d'expérience, un bac + 4 et à dormir dans sa voiture..." Si la semaine prochaine elle est expulsée, elle ira, embarrassée, dormir sur le sofa d'un ami.
*Le prénom a été changé.
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