Changement d'heure : "Le petit gain d'économies d'énergie a diminué dans le temps", selon une économiste
Mis en place en 1976, le passage heure d'hiver/heure d'été "ne permet aujourd'hui d'économiser qu'"1% de la consommation d'électricité globale", selon la directrice scientifique de la chaire Économie du climat de l'Université de Paris Dauphine-PSL.
Anna Creti, professeur d’économie à l'Université de Paris Dauphine-PSL, directrice scientifique de la chaire Économie du climat, explique dimanche 27 mars sur franceinfo que le "petit gain" en termes d'économie d'énergie avec le changement d'heure "a diminué dans le temps", car il ne permet aujourd'hui d'économiser qu'"1% de la consommation d'électricité globale".
franceinfo : Que représente ce changement d'heure en termes d'économies d'énergie ?
Anna Creti : Il y a un petit gain mais il a diminué dans le temps. Aujourd'hui, on estime en France qu'il est de plus ou moins 1% de la consommation d'électricité globale. Pour donner un ordre d'idée, c'est la consommation d'à peu près 70 000 foyers. Si on regarde spécifiquement l'éclairage, cela correspond à la consommation des 800 000 foyers.
L'argument des économies d'énergies, invoqué pour mettre en place le changement d'heure en 1976, ne tient plus ?
Il y a une partie de ces gains qui, en 1976, étaient beaucoup plus importants, autour de 10%. Elle a été absorbée par l'usage, notamment dans l'éclairage public, de tous les moyens basse consommation. C'est techniquement dû à l'amélioration des ampoules.
Faut-il s'y prendre autrement pour faire des économies d'énergie ?
Oui. La demande d'électricité est juste déplacée, décalée, mais structurellement, elle ne change pas. Certes, la question des économies est plus importante que jamais, et on se dit que même des petits efforts sont importants. Mais à ce titre, il ne faudrait pas attendre de faire l'effort juste en fin de journée, c'est un changement structurel qu'il faut encourager. Les vraies économies d'énergie arrivent quand on consomme moins tout le long de la journée, encore plus quand on fait des investissements qui font baisser durablement la demande d'énergie.
Les ampoules basse consommation sont-elles un facteur essentiel ?
Dans l'espace public, c'est souvent le cas, car ce sont des contrats de régie gérés par Enedis. Là où ce n'est pas systématique, c'est chez les ménages. De ce côté là, il y a un levier qui me semble très facile et n'est pas encore systématique.
Nous sommes en pleine crise énergétique, les prix de l'électricité sont calés sur ceux du gaz : peut-on économiser ?
Regarder la crise de l'énergie comme quelque chose qui dépend seulement des enjeux internationaux n'est pas toujours bon. Ces questions jouent évidemment sur les prix du gaz et par ricochet aussi sur les prix de l'électricité, du côté aussi des prix des carburants et du pétrole.
"Quand on veut vraiment attaquer ces questions de la diminution de la demande d'énergie, c'est aussi une question de comportement."
Anna Creti, professeur d’économieà franceinfo
Le fait qu'on soit tous responsable d'utiliser d'une façon plus rationnelle l'énergie, l'électricité, c'est quelque chose qui est à la portée de nos habitudes. C'est peut-être le moment, justement, d'y réfléchir.
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