"Charlie Hebdo" : après les incidents en classe, que prépare le ministère de l'Education ?
Le ministère de l'Education annonce, mercredi, qu'une quarantaine d'incidents graves ont été signalés après la minute de silence pour Charlie Hebdo. Et tente de trouver des solutions.
Pourquoi des élèves n'ont-ils pas respecté la minute de silence en hommage à Charlie Hebdo, jeudi 8 janvier ? Au total, une centaine d'incidents ont été signalés à cette occasion par les services académiques, puis une centaine d'autres depuis. Mais ce chiffre est encore en deçà de la réalité, comme le reconnaît lui-même le ministère de l'Education nationale, mercredi 14 janvier, puisque "ces données sont déclaratives et ne concernent que les incidents qui n’ont pu être réglés par les enseignants dans le cadre de la classe". Sans compter les établissements qui ont purement et simplement renoncé à la minute de silence ou au débat avec les élèves, les enseignants estimant que les conditions ne le permettaient pas.
Une quarantaine de situations ont été jugées assez graves pour être transmises aux autorités, comme indiqué dès lundi par Europe 1. Certains élus veulent donc aller plus loin. Le député UMP Eric Ciotti réclame ainsi la mise en place d'un suivi pour les élèves qui n'ont pas respecté la minute de silence.
Consciente du malaise dans les rangs de l'école, la ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a multiplié les consultations, mardi et mercredi, avec les syndicats et les acteurs de la vie scolaire. Voici ce qui est en train de se mettre en place.
Un livret de prévention contre la radicalisation
Un "livret opérationnel de prévention" contre la radicalisation doit être adressé aux personnels de l'Education nationale, après l'annonce d'un plan d'action interministériel. Pour l'heure, rien n'a été dévoilé de son contenu, mais celui-ci doit aider à résoudre des situations parfois difficiles à gérer dans les établissements.
"On a parfois entendu des cris d'élèves qui ne se sentaient pas Charlie", reconnaît Robert Keime, du syndicat d'inspecteurs d'académie SNIA-IPR. Et face aux élèves, il faut parfois jouer le funambule. "D'un côté, un enseignant doit expliquer que la caricature est autorisée et qu'elle s'applique à tous les aspects de la vie : politique, religion... De l'autre, il doit faire respecter les signes de la République."
Des visites imminentes d'inspecteurs académiques
Lundi, certains inspecteurs ont proposé de modifier leurs agendas afin de proposer leurs services aux établissements. La ministre annonce qu'ils se rendront cette semaine "dans les écoles, collèges et lycées pour assister les équipes pédagogiques et éducatives". Aujourd'hui, la plupart des lycées, par exemple, disposent d'un inspecteur référent, qui fait le lien entre le rectorat et le directeur d'établissement. "Mais il vaut mieux se déplacer à deux ou trois", précise Robert Keime.
Lors de ce type de visites, jusqu'à cinq rencontres sont prévues : avec l'équipe de direction, les professeurs élus, l'équipe enseignante, les élèves et les parents. La place est donnée au dialogue et au débat, avec parfois des moyens supplémentaires. L'inspecteur se souvient qu'après l'agression d'un professeur nommé Lévy dans un lycée professionnel du Nord, en octobre 2011, un demi-poste de conseiller principal d'éducation avait été créé, ainsi que des heures d'enseignement supplémentaires.
Vers une étude sur l'apprentissage de la citoyenneté
Certes, la France est le seul pays d'Europe où l'éducation civique dispose d'un programme identifié et doté d'horaires spécifiques. Sans compter qu'un nouvel enseignement moral et civique doit entrer en vigueur à la rentrée 2015. Pourtant, dans une analyse rédigée après les attentats, le conseil national d'évaluation du système scolaire regrette "qu'à l’exception de certains travaux des inspections générales, les évaluations des dispositifs d’apprentissage de la citoyenneté sont demeurées rares". Le conseil souhaite engager une vaste recherche pour comprendre ce qui ne va pas.
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