: Reportage "Choquant", "déconcertant", "mauvais coup pour Emmaüs" : les accusations contre l'abbé Pierre sidèrent et attristent salariés et clients
Les faits reprochés à l'abbé Pierre auraient été commis entre la fin des années 70 et le début des années 2000, d'après des témoignages compilés dans un rapport, commandé par Emmaus international et la Fondation Abbé Pierre et rendu public mercredi 17 juillet.
Au pied d'un des bâtiments d’Emmaüs Solidarité à Paris, il y a une grande plaque commémorative célébrant la carrière de l’abbé Pierre. Mais depuis ces accusations, les salariés de l’association ne regarderont sans doute plus jamais cette plaque comme avant : "On a tous été étonnés et sous le choc, témoigne Camille, parce que l'Abbé Pierre est quand même un modèle, pour nous. Mais surtout, on a une pensée pour les victimes."
"C'est important que le mouvement Emmaüs ait pris les devants, ait écouté les victimes et cru en leur parole, et pris les choses au sérieux."
Camille, salariée d'Emmaüsà franceinfo
Camille sera la seule à accepter de nous parler. Mais plusieurs salariés nous font part anonymement de leur stupeur : "On est tous choqués, nous dit l'un d'eux. Ce n’est vraiment pas l’image que l’on veut renvoyer."
À quelques centaines de mètres de là, devant une boutique Emmaüs, c’est la sidération également chez les clients de cette friperie, comme Emmanuel et Cathy : "C'est choquant. Si même un homme censé être intègre et de foi se conduit comme cela, c'est déconcertant", déplore Cathy. "C'est un peu triste, poursuit Emmanuel, parce que c'est quand même une figure qu'on ne pouvait pas soupçonner. Ces affaires se multiplient depuis quelques années, je pense que c'est un mauvais coup pour Emmaüs."
"Il y avait déjà eu quelques taches sur eux ces derniers temps, notamment sur les rapports avec les salariés, ils n'avaient pas besoin de ça !"
Emmanuel, client d'Emmaüsà franceinfo
Effectivement, plusieurs enquêtes parues récemment dans la presse avaient pointé du doigt les conditions de travail précaires de certains salariés. Yanis, vendeur dans la boutique, espère que ces accusations visant l’Abbé Pierre n'entacheront pas l’image d’Emmaüs : "Les erreurs de l'abbé Pierre dans sa vie personnelle sont entièrement de sa faute, et il ne faut pas prendre ça en compte à l'encontre d'une association qui veut faire le bien pour les personnes en situation précaire." Yanis précise que c’est grâce à Emmaüs qu’il a pu trouver un travail et se réinsérer, dit-il, dans la société.
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