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Bordeaux la négrière fait un petit pas pour assumer son histoire

À l’occasion de la journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition, la ville de Bordeaux, ancien deuxième grand port négrier de France, organise une série d'évènements autour de ce passé longtemps ignoré.

Article rédigé par Sandrine Etoa-Andegue
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Buste de Toussaint Louverture (20 mai 1743 - 7 avril 1803) qui combattit l'esclavage à Saint Domingue, installé sur la rive droite, dans le parc des Berges, à Bordeaux. (PATRICK BERNARD / AFP)

Bordeaux, ancien deuxième plus grand port négrier de France après Nantes, fait un petit pas pour assumer son histoire, à l’occasion de la journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition mercredi 10 mai. Jusqu'au 20 du même mois, la municipalité organise une série d'évènements autour de ce passé longtemps ignoré. 

Six étapes, de la déportation à la libération

"L'histoire de l'esclavage à Bordeaux se lit sur les façades des bâtiments, aux coins des rues de l'hypercentre, sur les places majestueuses", raconte Karfa Diallo. Depuis les années 90 cet ancien étudiant en droit milite pour que la mémoire de l'esclavage soit davantage reconnue à Bordeaux. Deux fois par mois, il organise le "Bordeaux Nègre", un parcours de deux heures au départ de l'Ecole de la magistrature, pas loin de l'Hôtel de ville, jusqu'à la place des Quinconces en six étapes de la déportation à la libération.

Le passé négrier de Bordeaux, la ville du vin, au patrimoine classé à l'Unesco a longtemps été ignoré. Mais les choses bougent depuis une dizaine d'années sous l'impulsion des associations et de la société civile.

Une plaque en bronze rappelle le passé négrier de Bordeaux sur les quais de la ville. (JEAN-PIERRE MULLER / AFP)

"La société bordelaise était dans son ensemble indifférente voire réticente.Il a fallu de la pédagogie, du dialogue", a avoué Alain Juppé en 2009. Le jour de l'inauguration de trois salles permanentes au musée d'Aquitaine dédiées à l'esclavage et à la traite après beaucoup de rebondissements et de tensions.

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Le musée accueille plusieurs événements en cette semaine de commémoration et a vu sa fréquentation passer de 90 000 à 140 000 visiteurs depuis 2009, selon François Hubert son directeur. "Il y a des Bordelais d'origine afro-caribéennes qui n'avaient jamais mis les pieds au musée et qui sont venus juste pour ça, explique-t-il. Dans le livre d'or, ils nous remercient de faire enfin une place à cette histoire qui est notre histoire commune."

La mairie refuse de débaptiser les rues portant des noms de négriers

Le passé négrier de Bordeaux est matérialisé aussi par un buste du héros haïtien Toussaint Louverture installé en 2005 au parc des Angéliques et une plaque commémorative posée en 2006 sur les quais. Des symboles "pas assez visibles", "pas pédagogiques" selon plusieurs associations comme "Mémoires et Partage" qui, à défaut de débaptiser la quinzaine de rues portant les noms de négriers - la mairie a refusé - voudraient une double signalisation pour expliquer leur rôle dans la traite des Noirs. La municipalité indique que cette piste fait partie des réflexions en cours.

>> Semaine de la mémoire : le programme des évènements sur le site de la ville de Bordeaux

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