Covid-19 : ce qu'il faut retenir de la conférence de presse du gouvernement sur le couvre-feu et les nouvelles mesures de restriction
Au lendemain de l'interview d'Emmanuel Macron, le gouvernement a notamment détaillé lors d'une conférence de presse les modalités d'application du couvre-feu en Ile-de-France et à Lille, Grenoble, Lyon, Aix-Marseille, Montpellier, Rouen, Toulouse et Saint-Etienne.
"La situation sanitaire exigeait une réaction forte et rapide." Au lendemain de l'annonce choc de couvre-feux nocturnes en Ile-de-France et dans huit métropoles à partir de samedi, le gouvernement est passé à l'explication de texte jeudi 15 octobre. Mercredi soir, Emmanuel Macron a décrété que la population devrait rester chez elle entre 21 heures et 6 heures à Paris et dans sa région, "où le virus circule très activement", ainsi que dans les métropoles de Lille, Grenoble, Lyon, Aix-Marseille, Montpellier, Rouen, Toulouse et Saint-Etienne.
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Le Premier ministre, Jean Castex, accompagné d'Olivier Véran, Gérald Darmanin, Bruno Le Maire et Elisabeth Borne, respectivement ministres de la Santé, de l'Intérieur, de l'Economie et du Travail, a détaillé ces nouvelles mesures lors d'une conférence de presse. Quelles dérogations ? Quelles compensations pour les restaurants, bars, salles de spectacle, etc. ? Franceinfo vous résume ce qu'il faut retenir.
Ce qui change partout en France
Les fêtes privées et les mariages interdits. "Toutes les fêtes privées, comme les mariages ou les soirées étudiantes qui se tiennent dans des salles des fêtes, salles polyvalentes ou tout autre établissement recevant du public seront interdites", a annoncé Jean Castex, et ce dans toute la France. De même, la "règle des six" est privilégiée sur l'ensemble du territoire.
Un protocole sanitaire renforcé pour "tous les restaurants de France". "Tous les restaurants de France appliqueront le protocole sanitaire qui a été récemment renforcé et prévoit notamment la limitation à six du nombre de clients par table", a annoncé le Premier ministre Jean Castex. Ce protocole renforcé, qui était auparavant valable uniquement dans les zones en "alerte maximale", prévoit par exemple "l'enregistrement du nom des clients pour faciliter le 'contact tracing'", a précisé Jean Castex.
Les universités n'accueilleront que 50% des étudiants. "Les universités et établissements du supérieur appliqueront des règles d'occupation limitant à 50% la présence sur place des étudiants et l'occupation des lieux d'enseignement", a expliqué Jean Castex.
Ce qui change dans les zones en couvre-feu
Le retour des attestations de déplacement. Passé samedi à 00h01, "chacun devra donc être chez soi sauf exception et tous les lieux recevant du public seront fermés", a précisé Jean Castex lors de son allocution. Pour se déplacer en Ile-de-France et dans les métropoles de Lille, Grenoble, Lyon, Aix-Marseille, Montpellier, Rouen, Toulouse et Saint-Etienne, il faudra donc être muni d'une attestation, laquelle sera valable pour une heure. Le document sera disponible sur le site du ministère de l'Intérieur. Un numéro vert 0 800 130 000 pour poser les questions au gouvernement est également ouvert.
"Les mesures doivent s'appliquer avec bon sens, comme pendant le confinement, a affirmé le chef du gouvernement. Certains déplacements seront autorisés comme pour des raisons de santé, pour aller à l'hôpital ou aller acheter des médicaments dans une pharmacie de garde, par exemple, ou pour des raisons professionnelles. Si vous travaillez de nuit ou que vos horaires de travail ne vous permettent pas d'être chez vous à 21 heures. Si vous avez un train ou un avion qui arrive ou qui part après 21 heures, il faudra, le cas échéant, pouvoir montrer votre billet."
Des billets de transports comme dérogation. "Si vous avez votre train couchette après 21 heures et si vous êtes muni de votre billet, vous pourrez aller le prendre et ce sera une dérogation au couvre-feu", a remarqué Jean Castex. Les personnes qui accompagnent pourront également justifier facilement leur sortie du couvre-feu. "On peut les faire entrer dans les dérogations", a annoncé le Premier ministre qui annonce également que "les transports seront au niveau. On ne réduit pas l'offre qui est au maximum mais la fréquentation des transports diminue progressivement. Dans les transports, il y a des concentrations que l'on veut éviter."
La possibilité de promener son animal. Également parmi les cas d'exception au respect du couvre-feu, la sortie pour promener les animaux domestiques. "Il sera possible de sortir votre animal de compagnie aussi mais il faudra avoir une attestation qui prouve que vous êtes dans une de ces exceptions", a détaillé Jean Castex.
Des renforts de police et de gendarmerie pour contrôler. Le ministre de l'Intérieur Gérard Darmanin a lui aussi pris la parole pour préciser la mise en œuvre de ce couvre-feu. Il a annoncé que "12 000 policiers et gendarmes" seront mobilisés.
Les policiers municipaux pourront également être amenés à distribuer des contravention. Pour les exceptions, "il faudra non seulement l'attestation papier, mais en plus le justificatif de son entreprise ou sa carte professionnelle lorsqu'on est infirmière libérale ou journaliste par exemple", a développé Gérald Darmanin. En cas de trois récidives d'infraction, l'amende de 135 euros pourrait passer à "3 750 euros et six mois d'emprisonnement", a ajouté le locataire de la place Beauvau.
Des établissements qui restent ouverts après 21 heures. "Certains établissements échapperont naturellement à la fermeture anticipée. Il s'agit des établissements de santé et médico sociaux, des structures d'accueil des plus précaires, des hôtels, des restaurants, les entreprises qui font de la livraison à domicile, les établissements publics qui assurent un service en soirée et la nuit, comme les commissariats, a énuméré Jean Castex.
Des jours de télétravail. La ministre du travail Elisabeth Borne a annoncé que dans les huit métropoles concernées par le couvre-feu et en Ile-de-France, les entreprises devront appliquer deux à trois jours de télétravail minimum pour "les postes qui le permettent". Elisabeth Borne a également souhaité que les horaires d'arrivée et de départ au travail soient "étalées". Le nombre de jours de télétravail minimum "devra faire l'objet d'un dialogue social au sein de l'entreprise".
Ce qui change en matière d'économie
Le fonds de solidarité élargi pour toutes les entreprises. "Toutes les entreprises de moins de 50 salariés, quel que soit le secteur, installées dans les zones de couvre-feu pourront toucher une aide de 1 500 euros durant toute la durée du couvre-feu si leur perte de chiffre d'affaires atteint 50%", a annoncé Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie. Pour les hôtels, cafés et restaurants, le fonds de solidarité jusqu'à 10 000 euros pourra être perçu par les entreprises ayant une perte de chiffre d'affaires "d'au moins 50%, et non plus 70%", a-t-il ajouté.
Des exonérations de cotisations pour des cafés et hôtels. "Les entreprises du secteur hôtellerie-cafés-restauration qui sont installées dans les zones de couvre-feu pourront également bénéficier d'une exonération totale de cotisations patronales dès qu'elles perdent 50% de leur chiffre d'affaires", a également annoncé Bruno Le Maire. "Toutes les entreprises fermées administrativement bénéficieront d'une exonération totale de leurs cotisations sociales patronales jusqu'à la fin du couvre feu."
Des solutions à venir pour le secteur de la culture. "Le Premier ministre a demandé d'engager des discussions dès demain matin avec Roselyne Bachelot, la ministre de la Culture, pour répondre aux attentes [du secteur de la culture] et trouver des solutions le plus vite possible", a déclaré Bruno Le Maire.
Le prêt garanti par l'Etat accessible jusqu'au 30 juin 2021. "Ces prêts garantis par l'Etat, qui étaient disponibles jusqu'au 31 décembre de cette année 2020, seront désormais accessibles jusqu'au 30 juin 2021. C'est donc une prolongation de six mois de ces prêts garantis par l'Etat", a annoncé Bruno Le Maire. D'autre part, le ministre de l'Economie a demandé "à la Fédération bancaire française d'examiner un report du remboursement de ces prêts pour une année supplémentaire pour les entreprises qui en ont réellement besoin".
Une aide pour les plus démunis. "Une prime de 150 euros sera versée à chaque personne bénéficiant du RSA, de l'allocation de solidarité et des APL. S'ajouteront à ces 150 euros, 100 euros supplémentaires par enfant", a redit Jean Castex, confirmant une annonce faite la veille par Emmanuel Macron. "Cette aide sera versée avant la fin de l'année et concernera 4,1 millions de foyers."
Ce qui change en matière de santé publique
Des tests antigéniques bientôt disponibles. "Nous sommes en train de gagner la bataille des délais en matière d'accès aux tests", a assuré le ministre de la Santé Olivier Véran. A propos des tests antigéniques, "nous disposons désormais de toutes les recommandations de la Haute Autorité de santé pour permettre prochainement aux hôpitaux, mais aussi aux médecins libéraux, aux pharmaciens d'officine, aux infirmiers libéraux de pouvoir acquérir ces tests ainsi que le matériel de protection adéquat pour pouvoir réaliser directement ces prélèvements", affirme-t-il
"On peut même escompter que d'ici à quelques semaines, une personne qui aurait de la fièvre avec des signes respiratoires puisse être testée directement chez son médecin si celui ci participe à ce mouvement de test antigénique", a rajouté Olivier Véran.
Des tests antigéniques prévus dans les aéroports. "Des barnums, ces fameuses opérations collectives de test, pourront être conduites à partir de tests antigéniques dans les aéroports, par exemple, permettant, lorsque les personnes arrivent sur le territoire national en provenance d'un pays où le virus circule de disposer de leurs résultats avant de quitter l'aéroport", a également annoncé Olivier Véran.
Un geste financier pour les soignants. Concernant les soignantes et soignants mobilisés pour cette deuxième vague, Jean Castex a annoncé la mise en place d'une aide compensatrice de congés annuels, qui ira de 110 à 200 euros brut par jour. Il a également décidé d'anticiper le versement des aides annoncées dans le cadre du Ségur de la santé. L'accord s'est traduit par une première augmentation salariale de 90 euros par mois au mois de septembre. "Une deuxième tranche de 93 euros par mois devait intervenir en mars prochain. Au regard de la situation, je vous annonce qu'elle interviendra avant la fin de l'année 2020", a fait savoir le Premier ministre.
Sur la perquisition chez Olivier Véran
Le domicile d'Olivier Véran, le ministre de la Santé, comme ceux de plusieurs autres ministres en responsabilité au printemps ont été perquisitionnés dans la matinée. Pour autant, le locataire de Matignon a affiché son soutien à son ministre. "Il ne m'appartient pas de commenter des décisions d'une autorité judiciaire, a répondu Jean Castex. En revanche, Olivier Véran est en fonction depuis plusieurs mois matin, midi et soir, la nuit, le week-end. Il est toujours au front. Toujours au front. Toujours. Il ne ménage ni son temps ni sa grande compétence. Et c'est un atout pour notre pays."
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