Déserts médicaux : "Quand tous les gens de ma génération seront partis en retraite, il n’y aura quasiment plus de médecins"
La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, dévoile vendredi son plan de lutte contre les déserts médicaux. Des mesures très attendues dans certaines régions qui ne parviennent pas à attirer de nouveaux praticiens.
Difficulté d’accès aux soins, pénurie de médecins… Des millions de Français souffrent au quotidien de la désertification médicale. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, en a fait un chantier prioritaire et dévoile, vendredi 13 octobre, son plan d’action. Dans certaines régions, l’urgence est palpable. C’est le cas de la commune nouvelle de Charny, dans l’Yonne, où s’est rendu franceinfo. Dans la très moderne maison de santé, ouverte il y a cinq ans, la salle d’attente et le carnet de rendez-vous ne désemplissent pas. Mais les bureaux des médecins, eux, se vident.
Dans cette localité de Bourgogne-Franche-Comté, il n’y a plus qu’un généraliste pour environ 3 000 habitants. Nous sommes dans ce qu’on appelle un désert médical. Et celui ici qui le traverse, désormais tout seul et péniblement, c’est le docteur Alain Schaller. "Depuis une dizaine d’années, j’ai vu partir 7 à 8 praticiens dans les 20 kilomètres aux alentours. On était trois à Charny, un de mes collègues est décédé, l’autre est parti il y a un an", raconte le généraliste, installé ici depuis plus de 34 ans.
Quand tous les gens de ma génération seront partis en retraite, il n’y aura quasiment plus de médecins
Dr Alain Schaller, unique généraliste de Charny, dans l'Yonneà franceinfo
Le premier service d’urgences est situé à plus de 30 kilomètres de là, accessible uniquement en voiture et évidemment souvent saturé. Du coup, c’est à la pharmacie du village que certains malades viennent chercher des conseils, à l’image de Maryvonne, 74 ans, et le front brûlant. "Personne ne se déplace, on ne vous donne pas de rendez-vous. On peut mourir à la maison et puis c’est tout", soupire la vieille dame.
J’ai 40 de fièvre, j’ai téléphoné à mon médecin ce matin et on m’a dit pas avant lundi prochain.
Maryvonne, 74 ansà franceinfo
De l’autre côté du comptoir, la pharmacienne, Stéphanie Hilali, ne comprend pas comment on en est arrivé à une telle situation. Surtout que la commune est “attractive et dynamique”, dit-elle, avec trois boulangeries, plusieurs agences immobilières, des fleuristes, des coiffeurs, des restaurants,... "On a tout pour bien vivre mais pas suffisamment de médecins pour la population", résume la pharmacienne.
Michel Courtois, maire de Charny, s’inquiète. Malgré une maison de santé toute neuve, malgré des subventions offertes aux nouveaux médecins, aucun ne veut venir s’installer. Aujourd’hui, il ne voit plus qu’une solution. "L’Etat doit faire en sorte que ceux qui sortent avec un cursus validé soient obligés de venir s’installer dans les endroits où il n’y a plus de médecins", tempête-t-il.
Je n’en ai rien à faire des annonces politiques politiciennes, moi c’est du concret que je veux.
Michel Courtois, maire de Charnyà franceinfo
Le maire n’a d’ailleurs pas attendu les mesures de la ministre pour agir. Avec son conseil municipal, il a décidé de parrainer un étudiant en médecine de la région. La commune va subventionner ses études, et en échange, il viendra installer son cabinet à Charny, mais seulement dans quatre ans.
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