Cet article date de plus de huit ans.

Drapeau français : le retour d'un symbole après les attentats

Des drapeaux bleu, blanc, rouge à toutes les fenêtres vendredi, la demande émane de François Hollande, alors qu'une cérémonie d’hommage se déroulera aux Invalides. Les Français sont invités à se réapproprier un symbole qu’ils avaient un peu mis de côté.
Article rédigé par Sophie Auvigne
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Avec ou sans le sigle de soutien à Paris, le drapeau français s'affiche beaucoup depuis le 13 novembre. © maxPPP)

Tout un symbole. François Hollande a appelé les Français à pavoiser leur domicile vendredi pour rendre hommage aux victimes des attentats de Paris, tandis que dans le même temps, une cérémonie nationale aura lieu aux Invalides à Paris. Cet appel présidentiel semble trouver un écho. Les ventes de drapeaux explosent alors que les trois couleurs s’affichent déjà partout : sur la Tour Eiffel, le pont du Gard ou les photos de profil des réseaux sociaux.

"Un mouvement social de réappropriation du symbole"

"Il s’est passé quelque chose d’assez mystérieux ", constate François de Singly, sociologue à l’université Paris Descartes. Il y a dans ce retour au drapeau quelque chose de similaire à ce qu’a connu la France après sa victoire en coupe du monde de football, d’après l’universitaire. Mais cela va au-delà selon lui : "En 1998 on avait gagné. Mais le sport est l’équivalent pacifique de la guerre. Là, c’est différent. On célèbre le droit d’aller aux terrasses des cafés, on célèbre la mixité ".

"On a réinséré un nouveau contenu dans ce symbole", d'après le sociologue François de Singly
La célébration des trois couleurs est d’abord venue de l’étranger, quelques heures à peine après les attentats. D’après François de Singly, ces pays, comme l’Angleterre ou les Etats-Unis, "nous ont rappelé qu’on avait un style de vie. On a vu qu’on avait des valeurs, une vie ordinaire mais formidable. (…) On a réinséré un nouveau contenu dans le symbole" .

"Réaffirmer son appartenance à la République"

Sitôt l’appel de François Hollande formulé, les fabricants de drapeaux français ont été assaillis de commandes. Les ventes aux particuliers s’envolent. L’atelier-boutique de Paris-drapeaux à Gentilly, en région parisienne, les a multipliées par cinq. Le téléphone n’arrête pas d'y sonner, les clients font la queue, comme Francis, qui veut vendredi mettre son pavillon aux couleurs de la France : "Il faut quand même réaffirmer son appartenance à la République, dire qu’on est Français, ne pas avoir peur de le montrer. Le drapeau français n’est pas pour l’extrémisme, il n’a pas de parti pris politique, il n’est ni de gauche, ni de droite. "

Le reportage de Sophie Auvigne chez un vendeur de drapeaux en région parisienne
Selon Carine Quoniam qui travaille à la boutique, le comportement des clients a changé du jour au lendemain : "C’était un achat tellement caché que lorsqu’on nous demandait un drapeau français, il fallait qu’on l’emballe dans du papier kraft ! Ce n’est plus le cas aujourd’hui, les gens partent directement avec leur drapeau à la main et n’en sont pas du tout gênés. "

"Chaque fois qu’on fabrique un drapeau, on pense aux gens qui sont morts"

Chez le fabricant historique de drapeaux en France, la maison Doublet, installée au sud de Lille, le constat est le même. L’usine d’Avelin tourne à plein régime, explique Luc Doublet, le président du groupe : "On va mettre brutalement toutes les machines en production de bleu, blanc, rouge. Si nécessaire, les cadres mettront la main à la pâte" . Les pics de vente similaires sont rares : "On a connu ça lors de la mort du général de Gaulle et de la victoire à la coupe du monde 1998, mais aussi lors du 11 septembre 2001 avec le drapeau américain ", se souvient Luc Doublet. "Ce qui est triste , explique-t-il, c’est qu’à chaque fois qu’on en fabrique un, on pense aux gens qui sont morts" .

"On a connu ça lors de la mort du général de Gaulle et de la coupe du monde 98", se souvient le fabricant de drapeaux Luc Doublet sur France Info

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.