Au Mexique, la guerre contre les narcos a fait plus de morts que la révolution
Depuis 11 ans, le gouvernement mexicain mène une guerre contre les cartels de la drogue. Mais cette lutte est accompagnée d’une vague d’ultraviolence qui frappe également la population civile.
Au Mexique, 200 000 personnes ont été assassinées et près de 30 000 ont disparu depuis 2006. Pour cause : la guerre que le pays mène depuis 11 ans contre les narcotrafiquants. « Narcos » et civils sont touchés quotidiennement par cette lutte d’une extrême violence.
« Il faut combattre les criminels »
Autrefois cantonné au transit, le Mexique est devenu dans les années 90 un lieu de production et de consommation de cocaïne. Les narcotrafiquants mexicains sont montés progressivement en puissance, au point de détrôner les Colombiens. Les narcos ont infiltré l’appareil d’État, de l’administration aux renseignements, en passant par la police.
Mais en 2006, alors que le pays est gangrené par le trafic de drogue, Felipe Calderon, fraîchement élu président, déclare la guerre aux narcotrafiquants : « Cet affront fait à l’État doit être combattu avec toute la force de l’État. Il faut combattre les criminels parce qu'ici le seul patron de la ville, le seul patron du peuple, le seul patron de cet État, c’est l’État mexicain. » Il lance une offensive anti-cartels, près de 100 000 agents des forces de sécurité sont déployés à travers le pays.
Sa mesure porte ses fruits : près de 60 000 narcos sont arrêtés en deux ans, dont 25 des 37 chefs de gangs les plus recherchés au Mexique. 4 000 tonnes de cannabis, 80 tonnes de cocaïne et 30 000 armes ont également été saisis. Ciudad Juarez, l’une des villes les plus dangereuses du monde, a vu son taux de mortalité chuter.
Une nouvelle loi sur la sécurité intérieure très controversée
Mais cette stratégie a poussé les organisations de trafiquants à se démultiplier afin d’être plus difficiles à identifier. Les rivalités entre les nouveaux gangs se sont traduites par une vague d’ultraviolence qui touche également la population civile. « Mon fils n’est pas mort de ses blessures par balle alors ils lui ont tranché la gorge. Après l’avoir tué, ils ont tué mon frère puis mon neveu là-bas dans la maison de ma sœur. » témoigne Salomon Lara, habitant de Quetzalcoatlan.
Entre 2007 et 2009, on dénombre plus de morts que pendant la révolution mexicaine. En 2014, dans l’État de Guerrero, les corps de 43 étudiants sont retrouvés dans une fosse commune. En recherchant les corps, les autorités ont découvert de nombreux autres charniers.
Le 15 décembre, le Parlement mexicain a adopté une loi sur la sécurité intérieure très controversée. Elle offre un cadre légale à la présence de l’armée dans les rues pour lutter contre les cartels de drogue. Mais ses détracteurs voient dans cette mesure une militarisation du pays et un nombre croissant de violations des droits de l’Homme.
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