Île-de-France : six personnes mises en examen pour blanchiment de trafic de stupéfiants, près de 800 000 euros saisis
Les six personnes mises en examen sont des gérants de sociétés, soupçonnés d'avoir participé à une chaîne de blanchiment d'argent issu du trafic de stupéfiants.
Six personnes ont été mises en examen pour blanchiment de trafic de stupéfiants en Île-de-France, dont une a été placée en détention provisoire, près de 800 000 euros ont été saisis ainsi que de sacs de maroquinerie de luxe, a appris franceinfo auprès de l'Office central de la répression de la grande délinquance financière ce mercredi.
Selon les enquêteurs, cet argent liquide illégal collecté par les trafiquants était ensuite remis à un collecteur de fonds chinois, via l'intermédiaire d'un saraf marocain, une sorte de un banquier occulte. Le collecteur déposait les espèces chez les commerçants du Centre international France Asie installé à Aubervilliers, qui eux-mêmes s'en servaient pour exporter frauduleusement du textile vers le Maroc. Une fois le textile arrivé au Maroc, il était revendu dans des boutiques et l'argent propre ainsi collecté était ensuite redonné aux trafiquants. Le collecteur et le saraf prenaient des commissions au passage.
Une "économie grise parallèle" utilisée pour alimenter des secteurs illégaux
Le collecteur a été surveillé pendant près d'un an et les enquêteurs de l'OCRGDF ont constaté qu'il avait réalisé 180 collectes d'argent sale entre août 2018 et juin 2019, sur instruction du saraf. Il a finalement été interpellé en flagrance en juin 2019, en même temps qu'une personne qui lui remettait de l'argent liquide. Le collecteur a été placé en détention provisoire. Un million d'euros en espèces ont été saisi mais l'Office estime que cet homme a collecté au total plusieurs dizaines de millions d'euros pendant la durée de leur surveillance.
"Le noeud du problème, c'est que vous avez une activité illicite - le trafic de stupéfiants - qui génère des sommes considérables et qui permet aussi d'alimenter toute une économie grise parallèle, qui s'exonère d'imposition fiscale. Cela permet aussi le travail au black puisque cela arrange aussi beaucoup d'entrepreneurs de récupérer ce type d'espèces pour ensuite rémunérer leurs salariés non déclarés", explique le commissaire Julien Bataille, adjoint à l'OCRGDF. "Cet argent vraiment noir, permet ensuite de faire vivre une économie grise, cette masse d'argent liquide a l'effet pervers d'entretenir d'autres secteurs illégaux de l'économie."
Après cette interpellation, les enquêteurs ont examiné les données téléphoniques, qui les ont conduits aux six gérants qui ont été interpellés le 27 septembre, avant d'être mis en examen. La plupart sont inconnus de l'OCRGDF. Lors de leur interpellation, 247 000 euros ont été saisis en espèces, puis 530 000 euros sur des comptes bancaires. Les enquêteurs ont aussi retrouvé des sacs de maroquinerie de luxe.
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