Narcotrafic : "Il faut des moyens techniques et humains pour affronter la menace de la criminalité organisée", réagit l'Union syndicale des magistrats
"Il faut des moyens techniques et humains pour affronter la menace de la criminalité organisée", réagit Aurélien Martini, vice-procureur au tribunal judiciaire de Melun et secrétaire général adjoint de l’Union syndicale des magistrats (USM), dans franceinfo soir, vendredi 8 novembre, après les mesures annoncées par le gouvernement pour lutter contre le narcotrafic. En visite à Marseille, vendredi, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau et le ministre de la Justice Didier Migaud ont dévoilé un plan de lutte contre la criminalité organisée.
Le garde des Sceaux s'est à nouveau dit favorable à la création d'un "parquet national" pour lutter contre la criminalité organisée. "L'intérêt d'un parquet national contre la criminalité organisée, c'est d'avoir une unité de coordination qui puisse avoir une vision d'ensemble de la lutte contre la criminalité organisée comme le parquet national antiterroriste", souligne Aurélien Martini. Contrairement au terrorisme, qui est un "type d'infraction autonome", la criminalité organisée est "beaucoup plus protéiforme", nuance le magistrat. "Les auteurs sont multitâches, passant des stupéfiants au proxénétisme, du proxénétisme au trafic d'armes, à la contrebande de tabac", ajoute-t-il.
Le système judiciaire "pas armé" pour lutter
Si un parquet national contre la criminalité organisée doit être créé, "il faut que ça se fasse avec plus d'effectifs" et pas "à moyens constants", affirme Aurélien Martini. Idem pour la création de cours d'assises spéciales, composées uniquement de magistrats professionnels - une autre solution envisagée par le ministre de la Justice. "Les réseaux criminels ont les moyens financiers, humains, d'atteindre quiconque, y compris des magistrats", donc il faut "extraire la justice de ce risque de pression", demande le secrétaire général adjoint de l'USM. Selon lui, le système judiciaire français "n'est pas armé actuellement pour lutter" contre de telles pressions.
"Nous n'avons pas le choix, c'est une exigence de préservation de notre système démocratique."
Aurélien Martini, vice-procureur et secrétaire général adjoint de l'USMsur franceinfo
"Si nous ne faisons pas ce qui est à la hauteur de l'enjeu, nous risquons de basculer dans un système criminel qui va prendre le contrôle de l'économie réelle, qui pourra contrôler des institutions, qui pourra corrompre à tout niveau et ça, c'est un système qu'il faut à tout prix éviter", poursuit le magistrat, qui reconnaît que "la lutte est difficile et coûte cher".
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